jeudi 13 octobre 2011

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace.

Je voudrais m’excuser auprès de mon papa et de ma maman. Moi, je croyais que les adultes ne conservaient de leurs jeunesses que quelques bribes éparses, nébuleuses, indistinctes. Vagues souvenirs d’événements lointains comme des photos où on se voit riant d’une blague oubliée. « Je suis un incompris! », criais-je à la tête de mon père comme mon fils aujourd’hui m’envoie des « Tu te rappelles pas quand t’avais quinze ans? ». Et moi, ça me tue de me faire dire ça. Il est encore là le p’tit roux de quinze ans. Je croyais que ma jeunesse serait éternelle comme je croyais que les adultes avaient toujours été vieux.

On garde tout en soi, on emmagasine, comme mon voisin freak qui remplissait sa cour arrière de cochonneries, utiles peut-être un jour, mais là, quécéça? C’est dur de lâcher prise.

J’étais à un souper entre amis la semaine dernière. On était onze autour de la table, de vieux amis depuis quoi? vingt-cinq ans… Ca fait tourner la tête, un quart de siècle. Il y a Sophie qui est là et on parle politique. Elle me dit : « T’as assez donné. Tu devrais passer à autre chose et te reposer. »

Pardon? Qu’entends-je? Me prendrait-on pour un vieux ? Me reposer… Non. Plus tard, peut-être mais là, je veux retrousser mes manches. Et sourire à la relève.
 
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Je ne suis pas un intime de Daniel Paillé. Je le connais bien, mais pas intimement. Pendant un an, il m’a hébergé dans son bureau à deux pas de la maison. On rigolait ensemble, c’est un bon vivant, et on discutait de politique de temps en temps. Il a l’œil vif, le sens de la répartie et un attachement au français qui l’honore. Il parle franchement et, s’il aime plaire, il est suffisamment fort pour accepter de déplaire. Il représente pour moi un atout dans le mouvement souverainiste et particulièrement au Bloc et je lui suis toujours resté loyal et reconnaissant. Après les fleurs, le pot ? Non, pas de pot, pas de peau. Sinon que sur mon bulletin de vote, il ne sera pas sur la première ligne.

Évidemment que j’ai mis mon nom sur son bulletin de mise en candidature comme je serais prêt d’ailleurs à le mettre sur celui de Maria avec qui je n’entretiens pas du tout de très bons liens, disons. Je veux une course. Je veux des débats. Et j’invite d’ailleurs tous mes amis bloquistes à signer tous les bulletins qui leur tomberont sur la main… Ceci dit, c’est un nouveau Bloc qui doit naître après décembre. Une toute nouvelle expérience. Et nous ne sommes plus au temps de la continuité. L’heure est à la révolution joyeuse!

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Pour que le Bloc survive, il faut tout repenser. Le Bloc Québécois est une anomalie historique. Pendant plus de vingt ans, le Québec a refusé le jeu fédéral : il a envoyé des séparatistes à Ottawa narguer les fédéralistes. Un vote pour le Bloc était plus baveux que l’attitude même du Bloc. A la fin, on a oublié quelle gifle le Québec envoyait à chaque élection.

On s’est mis à se prendre pour un parti fédéral, grand défenseur des intérêts de la nation québécoise, alors que notre seule présence était une insulte au Canada, à l’idée canadienne.

On s’est mis aussi à défendre le consensus québécois et parler au nom de l’Assemblée nationale, relayant les motions unanimes d’un parlement libéral et fédéraliste. Parce que c’était, selon nous, la volonté des Québécois. Mais notre volonté à nous, celle de faire un pays, qu’est-ce qu’on en a fait ? On l’a mise dans des discours de temps à autres, pour nos militants, pour les journalistes, pour se gâter un peu. On l’y a mise parce qu’on y croyait mais on a accepté le jeu du Canada.

Ne l’acceptons plus. Faisons du Bloc Québécois la mouche du coche, l’empêcheur de tourner en rond. Devenons un nouvel acteur dans une nouvelle pièce. Oublions les règles imposées et imposons nos propres règles. Écoutons-nous nous-mêmes. Surprenons-nous et réinventons la souveraineté.

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J’appuie Jean-François Fortin. Je l’appuie parce qu’il n’est pas contaminé. Parce qu’il commence vierge et volontaire. Plus que de la relève, il arrive sur les ruines du 2 mai et nous annonce qu’il veut bâtir. Pas là pour reconstruire, là pour construire. C’est un regard neuf sur un monde nouveau ou, du moins, un monde oublié. J’appuie Jean-François Fortin parce qu’il travaille avec les seuls paramètres avec lesquels désormais nous devons travailler. Il est un député modeste d’un parti modeste avec des ambitions démesurées : faire du Québec un pays.

Je l’appuie parce qu’il a le regard intelligent et franc, la poignée de main ferme et généreuse, il a l’écoute naturelle et attentive et des projets pleins la tête.

Je ne l’appuie pas parce qu’il vient de la Gaspésie mais je suis content que la Gaspésie l’ait produit. Je crache sur l’expression « montréalisation » et j’ai rien à foutre des guéguerres qui divisent les régions du Québec. Je ne le sens pas Gaspésien mais Québécois et je crois qu’il pourra nous rassembler.

Je ne l’appuie pas parce qu’il n’a pas quarante ans, l’âge n’a rien de qualitatif. « Le temps ne fait rien à l’affaire », comme disait Brassens. Mais je suis content qu’il soit d’une autre génération. J’ai rien contre les babyboomers, j’en suis même un ardent admirateur, mais qu’il y en ait pour prendre le relais, pour assurer la suite, me soulage. On ne peut prétendre tout le temps que la souveraineté est multigénérationnelle et avoir toujours des gens de la même génération à notre tête. C’est pas mon argument fondamental, oh que non!, il est même assez faible, mais c’est un plus.

J’appuie Jean-François Fortin parce que. J’ai confiance. Et espoir.

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Et je  vous invite à signer son bulletin de mise en candidature et celui de Daniel Paillé, et même celui de l’autre-là. Je vous invite à vous impliquer, à débattre, à être sereins et vous rappeler tous qu’on est du même bord. Et que commence cette course!  

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