vendredi 29 août 2014

Combien vaut Dodo ?

Combien vaut une histoire ? D’un point de vue strictement économique, combien ça vaut? Disons Moby Dick de Melville (Z’avez pas lu Moby Dick? Vous êtes passés à côté de quelque chose de grand mais on s’en fout, ce n’est une critique de livre que j’écris). Combien vaut ce récit? Combien valent les idées que ce bouquin nous met dans la tête? Combien vaut la phrase « Appelez moi Ismaël. »? Combien valent Achab, Starbuck, Queequeb?

On peut trouver le bouquin à moins de 10 dollars facilement. Mais ça, c’est le livre. L’objet. Disons 5 dollars. Un exemplaire de Moby Dick pour 5 dollars. Libre de droit d’auteur. Tout va bien. Mais sa valeur économique ne se réduit pas à ce 5 dollars ou je me trompe? Je prends trois semaines pour lire Moby Dick et je pénètre un univers. Des images se dessinent dans ma tête. Je suis ailleurs. J’accède à des sentiments, à des sensations, à des connaissances. Je m’émerveille, je m’étonne, je m’ébahis. Ça vaut combien?

Prenons un autre bouquin. Disons, Dodo le dodo fait du ski. L’histoire d’un dodo qui, grâce aux avancées de la génétique, revient à la vie et part en montagne, après s’être enfui, grâce à l’aide d’un jeune et idéaliste chercheur prénommé Robert, d’un laboratoire expérimental dirigé par un méchant conglomérat, et y apprend les rudiments du ski. Le livre s’ouvre sur la phrase suivante : « L’œuf craquela doucement à la grande satisfaction de Fennymore Greed qui se frotta les mains de contentement. »

Combien vaut cette histoire ? Combien vaut l’univers de Dodo ?

Peut-on s’en passer ? Et si oui, est-ce économique de s’en passer ? Est-ce que le coût de l’histoire moins le coût du bouquin est un bon investissement ?

Et si je ne savais pas ce qu’est un dodo et que le bouquin m’apprend un mot. Et qu’apprenant ce qu’est un dodo, je m’interroge sur les animaux disparus, ça a bien une valeur, ça. Combien ?

Ce sont mes questions au ministre Bolduc.

Dire que les bibliothèques scolaires ont assez de livres -et je sais qu’il s’est excusé et que c’était un mauvais jour et que c’est malheureux qu’on l’ait pris comme ça- et qu’on n’a pas assez de fric, ce qui fait qu’il faut couper quelque part et que les commissions scolaires pourraient bien sauter un an et que personne n’en mourrait, pourrait peut-être se défendre d’un point de vue économique. À la condition qu’on sache de quelle économie il s’agit. À la condition qu’on connaisse la valeur d’un mot, d’une phrase, d’une image qui se crée dans notre tête… À la condition qu’on connaisse la valeur de lire.

Vous êtes passés à un autre scandale? Cette déclaration du ministre Bolduc est derrière vous ? Pas moi. Je n’en suis pas revenu. Je pense que c’est symptomatique. Nous vivons une époque qui laisse un ministre de l’Éducation nous dire qu’on peut se passer d’univers, d’imagination, de créativité pour un an. Me semble qu’on touche à quelque chose qui ressemble à de la civilisation. À de la culture, au sens large. À de l’humanité.

Il faut faire des économies, soit. Alors où?    

On devrait couper dans les parcs nationaux. Si Ottawa peut le faire, pourquoi pas nous ?  

Et de toute façon, qui a besoin de promenade en forêt ?
    


 P.S. Malheureusement, l'histoire de Dodo le dodo n'existe pas. Elle attend patiemment l'illumination d'un auteur.

vendredi 15 août 2014

Très nécrologique tout ça.

Les nuages sont lourds et le temps est maussade. Le temps déprime. Triste semaine.

Petit truc : quand je déprime, je regarde des bonhommes à la télé.
Quoi ? C’est de la merde, mon truc?
Déprimez tout seul d’abord.
Je m’en fous de vous.
Je m’en fous de tout le monde!! Je m’en vais.
Je vais regarder des bonhommes.

*

On est revenu du Maine. On est à la maison. En fait, juste moi, maintenant. Y a mon fils mais il n'est jamais là, ça compte pas. Ma blonde, elle, est repartie à Toronto avec ma fille et je me sens seul.
Petit truc : quand je me sens seul… Ah pis, je vous emmerde.

*

L’oncle de ma blonde est mort dimanche. Il a refusé tous les traitements. Il est mort en tête de mule, en entêté. Pas de service, pas de cérémonie, je meurs, c’est correct. Ciao! Il a pris la mort de front et, s’il a eu peur, il l’a gardé pour lui.

Ça impose l’admiration. Moi, je suis un enfant et j’ai peur du noir.

*

J’ai fumé facilement deux dizaines de clopes avec Raymond Gravel. Sur le parvis de la Chambre des communes. Il riait tout le temps sauf quand il sacrait. Étrangement, dans mon souvenir, il riait tout le temps et il sacrait tout le temps. C’est fou la mémoire.

Pour vrai, et c’est mon hommage, disons, on a parlé de Dieu à un party de Noel une fois. Ça a pas duré longtemps, ce type ne voulait pas tant qu’on croit en Dieu qu’on croit en l’homme. Très efficace.

*

On dirait que la mort de Robin Williams m’a troublé plus que toutes les autres. Plus triste. C’est peut-être la mort la plus triste d’une célébrité dont je me rappelle. Kurt Cobain en était presque rigolo. Mais pas Dédé. Robin Williams et Dédé. Ça, c’est des morts tristes. Ben, plus pour nous que pour eux. C’est des morts qui enlèvent un peu d’espoir.

Petit truc : quand je perds un peu espoir… Je regarde pas les bonhommes tout de même, je me prends une attivan et je fais une sieste. Et c’est pas un truc, c’est juste ce que je fais.

*
J’ai pris un verre à New York avec Lauren Bacall. Au Barrymore, près de Broadway. Il y a quoi, plus de vingt ans de ça. Heureusement, dans la vingtaine, j’avais vu tous ses films avec Bogart. Bref, le proprio du bar m’avait dit qu’elle venait prendre un verre tous les lundis midi, un scotch, un gin, me rappelle même plus. Je suis allé. Elle était là. Et je l’ai rejoint à sa table.

J’ai aussi embrassé Jane Birkin sur les joues une fois à Québec, mais heureusement, elle, elle n’est pas encore morte.

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Y a quelque chose du Bloc qui est mort aussi cette semaine. Franchement, je ne saurais dire encore c’est quoi.

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Le temps déprime. Triste semaine. Quand je serai grand, peut-être que je regarderai la mort en face et je lui dirai que j’ai pas peur. Mais pour l’instant, je suis petit et elle me terrorise.

Heureusement, dans ce temps-là, je me rappelle qu’il y a la vie. Pas le temps de déprimer quand on a des comptes à payer. 




(On voit bien que j'écris mes titres en dernier. C'est plus honnête, je trouve. Les titres, c'est pas facile. Un titre qui serait meilleur que le texte, ce serait poche, avouez. Un titre, c'est comme une promesse. Alors, faut pas trop en mettre. C'est ce que je dis.)



samedi 9 août 2014

Nouvelles aventures quasi paranormales du Vilain Rouquin dans le Maine.

Plus de Francophones dans un IGA de Wells que dans un Métro de Ville Mont-Royal. Ils sont partout. Nous sommes partout. Je suis l’un d’eux. Un envahisseur. Les plages, les magasins de souvenir, les restaurants, hôtels, motels, campings, des Québécois partout. Remarquez que ça a ses avantages. Quand ma blonde prend le volant et qu’elle gueule au gars en avant d’elle : « mets ton clignotant, crisse de cave! », il comprend. Comme chez nous.

*

J’ai toujours pas pardonné aux Québécois d’avoir élu Couillard. Si je leur en veux autant, ça doit vouloir dire que mon sentiment d’appartenance n’est pas entamé : nous avons élu Couillard. Nous. Moi comme les autres.

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Les vagues salées. Assis dans l’eau, je me laisse pousser vers la plage puis vers le large, irrésolu, dirait Gainsbourg. Les plus hautes passent par-dessus ma tête. Je suis loin. Dans la mer. Bien. Je paierai le prix, déjà j’ai les orteils d’un homard.  

*

-Vanilla, please.

Vanilla please? Cette gonzesse me tue. Pendant cinq heures minimum, elle m’a cassé les oreilles pour aller au Scoop Deck. 75 variétés de crèmes glacées. Caramel salé, pâte à brownie, tourbillon de chocolat, morceaux de toffees dans une crème glacée aux pépites de beurre de pinotte, disons. Avec des noms du câlisse que je n’ai pas retenus parce qu’ils étaient une langue étrangère en soi. Do you speak ice cream? Vanille. Elle a pris vanille.

Vanille et chocolat, les deux saveurs de base. Celles qu’on trouve partout. Bonnes, certes, je ne discuterai pas. Mais exotiques? Surprenantes? Inattendues? Vanilla, no sugar, please.

*       

Je suis toujours pro-charte, plus que jamais. J’y pense de temps en temps. Pas tout le temps, je pense plus au meilleur endroit pour trouver une clam chowder qu’à la charte mais j’y pense. Tracer une ligne. La charte dressait un mur entre l’État et les religions. Espace public, crois ce que tu veux. Espace étatique, garde pour toi ce qui t’appartient. Les religions imposent tellement un code moral, un comportement obligatoire. Et c’est correct. Pas de problème avec ça. Quand la religion entre dans l’État, ça finit toujours mal.

Les pro-charte, on s’est fait dire qu’on allait à l’encontre de la liberté de religion. Par sa nature même, la religion brime tellement de libertés. Libre à vous de choisir d’adhérer au dogme prescrit, mais dans l’appareil de l’État, pas de ça.

La meilleure façon de protéger la liberté de religion, c’est que l’État n’en ait aucune, disait Bernard Drainville. Et c’est aussi une excellente façon de protéger la liberté tout court.

*

J’ai vu la mer et le ciel se confondre à un endroit bien précis. C’était à Wells Beach, marée haute. Là, dans l’horizon, en faisant un carré avec mes doigts comme un réalisateur à Hollywood, je ne pouvais clairement voir la ligne entre les deux. Dans mon carré, j’avais deux immensités réunies et mes doigts ne sont pas si grands. J’ai pris une photo mais j’ai trop zoomé. Y a plein de pixels dans mon immensité, merde.

*

Quand ma blonde me tient par le bras en marchant, pas par la main, par le bras, quand elle s’accroche à moi, y a plein d’amour, de tendresse. Je la tiens pas, elle me tient. Et je me sens si important. Si pertinent.

*

De vieilles maisons abandonnées recouvertes de lierres, le vent du large qui passe à travers la forêt, les nuages d’orage qui forment comme des tubes dans le ciel gris, les oiseaux volent bas. La terre de Lovecraft et de King. La terreur pourrait nous prendre facilement, c’est plutôt la sainte paix qui m’a pris. On est si bien, c’est quasi paranormal.



mardi 5 août 2014

Aventures quasi paranormales du Vilain Rouquin dans le Maine

De Montréal à la Côte Est américaine, la route est longue. Longue et plate. On peut sans difficulté être à 30 kilomètres d’un endroit et trouver la route longue et être à huit heures de distance (je dis huit heures de distance, allusion subtile à l’espace-temps. Hommages Albert!) et pas trouver ça long pantoute. Le tour de la Gaspésie, c’est pas long. Comprenez le principe. Bref, la route est longue de Montréal à Ogunquit. Surtout quand tu boudes dans l’auto après une dispute avec ta blonde.

Avec le pipi, le caca et la branlette, la dispute avec ma blonde est une des activités que je pratique le plus pour faire sortir le trop-plein, l’excédent. On est des corps et on évacue : pipi, caca, sueur, sperme et bile. Eh bien, je sue moins que je m’engueule. Un paresseux teigneux. Je peux même dire « tu me fais suer » dans une engueulade alors que je ne sue pas du tout. Je sue si j’ai chaud. Je m’engueule si j’ai raison. Et comme j’ai plus souvent raison que j’ai chaud… Bref, on s’est disputé sur la route parce que je trouve que Stuck with you de Huet Lewis & The News est de la meilleure musique de road trip que D’aventure en aventure de Serge Lama. On s’en va dans le Maine, câlisse! C’pas le temps d’écouter les souffrances d’un Français déprimé parce que sa blonde est morte dans un accident de voiture. Il faut du léger, de l’estival. Steve Miller Band, John Mellencamp, CCR, Weezer, Bob Marley, le choix est quasi illimité. Mais Radiohead, Léo Ferré, Leonard Cohen, allons!

-Mais c’est beau.

-Tu l’écouteras à maison avec un verre de vin.

-C’est plate ta maudite musique des années 80.

-C’est ça, mets ta musique française des années 60.

Pendant ce temps, on traversait les Appalaches, Green Mountains, les nuages se décrochaient tranquillement de leurs flancs comme des méduses-montgolfières qui s’élevaient vers le ciel. J’ai pris une photo sans la montrer à ma blonde d’un de ces nuages se soulevant.

Pour me faire chier sans doute, elle a mis la radio à Radio-Canada, en plein cœur des montagnes du Vermont. Ça rentre jusques là, dites donc.

La mer nous a attendus. Ils annonçaient de la pluie, pas de pluie. Chouette. On est arrivé è la plage et un énorme brouillard à la Stephen King enrobait les baigneurs. La mer camouflée signalait sa présence seulement par le son magique de ses vagues. Le soleil a dit : ça suffit et a fait se volatiliser la brume étrange pour faire apparaître une vision enchanteresse. Comme quand une femme, ma blonde, sort de la douche et que la vapeur d’eau la cache un instant puis se dissipe.

On a mangé du Chinois. Pas d’ustensiles. Ils l’avaient oublié dans le sac de take out. On n’a pas rappelé. De la soupe Hot and sour et du riz au porc, pas de cuillère ni de fourchette, c’est difficile. Mais, merde, c’est les vacances, on commencera pas à se faire chier.


I’m so happy to be stucked with you.        

mardi 15 janvier 2013

La faute à Milou.


Et voilà, cette putain de vie, ce putain de temps qui ne suspend pas son vol et ces putains d’heures fugitives, bref… ma fille est une ado. Mon fils m’avait déjà fait le coup avant mais là, c’est fini, je n’ai plus d’enfants enfants. J’ai deux ados, deux ados de merde, même. Et en plus que mes valves sont fermées, adieu l’enfance. Adieu toutous, adieu becs au dodo, adieu tout nu dans le bain avec les kids qui voient mon gros pénis et qui, s’ils sont sans doute très impressionnés, ne sont pas scandalisés pantoute. Adieu les tas de neige, adieu les phrases mignonnes, mes enfants ont grandi et moi… moi, je suis triste et je pleure.

Bon, je pleure pas mais ça fait mal. Parce que mes enfants-enfants étaient de très chouettes enfants et l’ado le plus cool n’accote tout simplement pas un enfant tout mignon, non, non.

Ma fille a quatorze ans aujourd’hui, mon fils en aura dix-sept, Quand est-ce que ça va arrêter ? Que fait le gouvernement, tabarnac?  Qu’est-ce qu’il attend ? Qu’ils aient quarante ans ? J’en peux plus. J’en peux tout simplement plus.

Mes amours éternels sans commune mesure où l’homme que je suis n’a pas accès ni de près ni de loin… Mes amours intaris, mes amours d’amour, arrêtez ça, tout de suite.

Je t’aime, ma Milou, et je te souhaite un joyeux anniversaire mais là, à go, tu arrêtes de vieillir, chérie. Parce que si ça continue, tu seras une femme sans que je m’en rende compte.

La plus merveilleuse femme du monde.

 

dimanche 4 novembre 2012

Ce qu’il me faut d’amour.


 
 
Installé au septième étage d’un édifice du centre-ville, appuyé sur le garde-fou, je regarde tout en bas et m’imagine sautant dans le vide en criant youppi! Pour m’écraser sur le toit d’une bagnole. Les témoins expliqueraient :

« Ben, c’est ça, y a sauté pis i s’est écrasé su l’toit du char.

-Avez-vous entendu quelque chose?

-Oui, me semb’ que j’ai entendu youppi.

-Youppi?

-Oui, comme les Expos. »

Mais je ne me jette pas en bas. Je ne me lance pas devant le métro. Je ne me pends pas et je ris et je pleure et je bouffe et je vis.

 

Je ne crois pas en Dieu, je ne comprends pas le monde, tout m’étonne et même si je me lève la nuit parce qu’il y a du bruit, même si j’affronte le regard agressif de l’autre qui se méfie de moi, j’ai peur de tout. Mais je passe à travers tout, comme un fantôme, un passe-muraille.

C’est grâce à elle. Tout est à grâce à elle. Ou tout est de sa faute. Elle me donne exactement ce qu’il me faut d’amour. Pour vivre, pour aimer la vie, pour avoir un sens.

Havre, soleil, ma blonde.

Avant, quand une fille me laissait, je me demandais ce qu’elle avait découvert en moi qui faisait qu’un jour elle ne m’aimait plus… Quoi? Une fois que tu m’as découvert, tu ne devrais pas te tanner.

Je me demande souvent ce qu’elle voit en moi qui fait qu’elle m’aime encore.

(Même pas vrai, je le sais exactement, c’est que je suis trop cool et intelligent et rigolo…)

(Même pas vrai que c’est pas vrai, je me le demande pour vrai.)

Quand tu trouves quelqu’un qui te fait naître à chaque jour, tu dis merci et tu la presses tout contre toi. Merci bébé.

jeudi 26 juillet 2012

Aventures désopilantes: Chapitre V

Chapitre V : Dans lequel nous découvrons la Mitis.



Quand, assis à mon balcon, j’observe la vie de la ruelle et la progression incessante de mes hibiscus, du petit plant de tomates que mon amoureuse cajole ou du laurier dont les feuilles se multiplient, je ne me lasse jamais de chaque détail qui anime ces matins légers. Je prends mon café, caresse mes chats, lis un bouquin ou le journal et je suis bien. Une putain de ruelle d’Hochelaga suffit à assurer mon bien-être. J’y invite mes amis : « Venez, on va s’asseoir sur le balcon. »

Imaginez un instant l’état dans lequel je me trouve, installé sur le perron face à la mer, le vent léger qui m’envoie du sel par la tête, mon espresso et ma clope et vous écrire à vous, lecteurs assidus et enthousiastes. Ca devrait être illégal.  

***

La télé pogne un poste : TVA. C’est un truc pour qu’on reste dehors et qu’on profite de la vie.

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Les nuages s’étendent au loin sur la mer, ils se prennent pour une chaine de montagnes. Peuh! Bande de frais.

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Le Parc de la Rivière Mitis. Ma blonde, ma fille et moi. Le sentier s’enfonce dans la forêt et de petits écriteaux y sont parsemés. Sureau pubescent, impatiente du cap, épinette blanche. Juste des noms bâtards que personne ne comprend.

Nous marchons dans la forêt. On dirait la forêt laurentienne avec ses sapins baumiers et ses érables, ses thuyas, ses quenouilles. On se dirait en Mauricie mais la mer réussit à nous envoyer des effluves. Pas de cocotiers ou de palmiers, j’ai cherché, juste des arbres ben straight. La mer, ici, c’est ça.

On descend un long escalier fait de billots de bois. Long comme celui de l’Oratoire et on aboutit à une grosse roche sur le bord de la rivière. Tout ça pour ça ? Ta gueule, écoute les rapides. Écoute les rapides pis ferme ta gueule.

Et il faut remonter… Je devrais arrêter de fumer, putain. Tiens, une tour d’observation ? Allez, on monte!

A l’intérieur de l’accueil, un petit musée. Musée… Une exposition, disons, mais très éducative. L’écart entre la marée haute et la marée basse s’appelle le marnage. Dans le coin, c’est 4 mètres. 4 mètres de marnage. On en apprend-tu des affaires ?

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Partout, des Dixie Lee. C’est comme un PFK de l’Atlantique. Il y en a en Gaspésie, dans le Bas-Saint-Laurent, au Nouveau-Brunswick. Du poulet pané, des clams panés, des crevettes panées, des pétoncles panés. Les enfants aiment ça. Donnez-nous un fast-food et on vous fout la paix. Évidemment, ils prennent le poulet. Je les déteste.
 
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Padoue est un petit village qui fête ses cent ans du 26 au 29 juillet. Tout petit, une église, une mine de ketchup, fouillez-moi et googlez si vous ne me croyez pas et quelques maisons perdues en montagne. Les organisateurs espèrent 500 personnes. Bon succès!

On a pris une photo sur le perron de l’église et une autre avec la pancarte du centenaire. Bon, on va y aller…


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On a fait des kilomètres et des kilomètres pour se rendre aux Jardins du Saroit à Saint-Gabriel-de-Rimouski. Ma blonde voulait des légumes du terroir. Finalement, ils vendaient des fraises et de la fleur d’ail. On a pris des fraises et de la fleur d’ail… Et les fraises étaient hallucinantes. Petits jardins, certes, mais quels produits!
 
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A la buanderie du camping, ma blonde met le linge dans la sécheuse et on repart faire des courses. En fait, on va chercher le Devoir et des clopes au dépanneur des Boules. Les Boules, je vous jure, c’est vraiment le nom du village. J’aimerais bien rencontrer la fille qui a inspiré ce nom. Bref, on revient à la buanderie et j’attends dans l’auto pendant que ma blonde va chercher le linge.

-Il y a une grosse torche qui a sorti notre linge et mis le sien dans la sécheuse.

-Qu’est-ce que t’as fait ?

-J’ai sorti son linge pis j’ai remis le mien. Pis là, je reste à côté de la sécheuse.

-Qu’est-ce qui te dit que c’est une grosse torche ? Ca peut être un gros cave.

-Pis j’ai laissé son linge en boule. Ca se peux-tu faire ça ?


Ca se peut pas, en effet. On a assez de problèmes, ces temps-ci.