mercredi 18 juillet 2012

Plus rien à dire

Évaché sur un hamac à lire un polar, tranquille, le soleil passe à travers les branches de vieux arbres mais ne m’atteint pas. Les enfants jouent dans l’eau du lac, jouent… hurlent, oui!, vos gueules, bande d’enfants de merde! Ma blonde prend du soleil avec une copine, grand bien leur fasse, moi, je suis un homme de l’ombre. Hombre del ombre. Je ne sais même pas si ça se dit de même mais c’est flash.

Ca ressemble au bonheur, ça ne dure pas et ça se savoure à la fois sur le coup et après coup. C’est tout ce que j’avais à dire.

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Vous avez tout dit, sur tout. Vous avez une opinion sur tout. Mes réflexions deviennent superflues, je n’en ai même plus besoin. Vous avez lu l’opinion pertinente d’un chroniqueur politique que vous vous empressez à partager et commenter. Vous avez saisi le bon coup d’un des nôtres, le mauvais coup d’un des leurs. Et vlan! Vous y ajoutez un commentaire ravageur et je vous dis et je me dis que Putain! Je n’aurais pu mieux faire. La vache! Que me reste-t-il ?

Moi, j’ai un hibiscus en feu qui fleurit dix fois par jour, ça vous les coupe ?

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Ne croyez pas que je critique vos commentaires astucieux et allumés, non, non, non. La vérité, c’est que je me croyais original, je croyais que ma structure de pensée était mienne. J’apportais ma pierre à l’édification de la pensée québécoise. Mais voilà, ma pierre a déjà été posée cent fois par cent autres et fous nous la paix avec ta pierre, on en n’a pas besoin. Ah, c’est comme ça ? Dans ces conditions, de quoi est-ce que je peux bien parler si j’ai envie de parler ? Et sur quoi puis-je bien écrire si j’ai envie d’écrire ?

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J’ai peur de devenir misanthrope. J’ai peur du cynisme qui me guette et qui attend que mes idéaux s’affaiblissent. J’ai peur de la peur confortable qui paralyse et par-dessus tout, j’ai peur de moi. Peur de mes Pfff! Peur de mes Peuh! Peur de mes Bah! Je les sens tout près qui veulent me posséder.

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Je n’ai jamais porté le carré rouge. Rien contre le carré rouge mais c’est trop limitatif pour moi. Quoi, afficher à la face du monde que ma cause à moi, c’est être contre la hausse des frais de scolarité ? Non, j’ai trop de causes pour me limiter à ça. Je devrais porter le carré roux : ça inclurait toutes mes causes. Et puis, pourquoi un carré ? M’en fous des carrés, sinon que le périmètre est facile à trouver une fois que tu as la longueur d’un côté. Mes cheveux, tiens. Je porte mes cheveux pour arborer mes causes.

Ca n’a aucun sens mais je m’en fous.

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Dans ta main repose la mienne
Et nous vaincrons ces enfants de chienne.

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Dans ta main repose la mienne et nous vaincrons ces enfants de chienne. J’avais écrit cette phrase au Petit séminaire… Ca n’a jamais fait partie d’un texte, c’était indépendant. Peut-être que je voulais écrire quelque chose de plus long mais que je ne savais simplement pas qui étaient les enfants de chienne en question, je ne le sais d’ailleurs toujours pas. Reste que « les enfants de chienne », ou juste « enfant de chienne », ça frappe. Ca frappe plus que « son of a bitch ». Des fois, les Anglais ont des expressions qui rentrent dans le corps mais quand le français décide d’être une langue dure, paf! Ça en jette.

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Voilà à quoi vous me contraignez avec vos commentaires et vos statuts et vos partages. Vous avez tout dit. Refonte de la carte électorale ? Qu’en penses-tu, Éric ? J’en pense ce que les 214 autres ont écrit et commenté. Aussi bien se taire ou parler d’autre chose. Mais pendant qu’on se parle de même entre amis, pourquoi ces photos de soleil couchant avec une citation de marde, genre sagesse éternelle ? Le bonheur est un ami discret ou Ceux qui t’aiment vraiment te diront que tu as tort ou Les chevaux galopent aussi dans l’ombre de l’arbre séculaire. Bon, j’ai inventé ces trois conneries mais vous voyez l’idée.

La sagesse, de toute façon, est un concept vachement surestimé. Et vous pouvez reprendre ma phrase, la crisser devant un ciel étoilé et la partager pour commentaires profonds.

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Je me demande bien comment on entre dans la brigade anti-émeute. Ils font des campagnes de recrutement internes ou bien il faut en faire la demande ?

Il y a le cours Spécialisation anti-émeute 201 à Nicolet ? Ou on apprend sur le tas ?

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J’ai tellement envie de vivre. J’ai tellement peur de la mort. Je croyais pas que cette pouffe serait de plus en plus présente en vieillissant mais elle vient s’immiscer dans mes pensées à tous les jours, toutes les nuits. C’est fou que la mort soit devenue un enjeu politique, tout de même, avec les trucs de mourir dans la dignité ou de suicide assisté. Pas le droit de tuer personne, pas le droit de mourir comme on veut. Je pense même qu’il y a des règlements sur l’utilisation des cendres.

Je pense que je vas foutre le camp dans le bois, comme Thoreau. Adieu civilisation de marde, je m’isole. Avec ma famille, mes chats, mes livres et mon X-box.

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C’était une pluie chaude et j’étais complètement détrempé. On est-tu ben quand on veut ?

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