lundi 23 juillet 2012

Aventures désopilantes, chapitre II


Chapitre II : Dans lequel notre héros échappe ses clopes dans la mer. Désopilant!



Selon le temps qu’il fait, selon la profondeur de l’eau, selon les vagues que produit le vent, selon la position de l’observateur, le bleu de la mer change. La salinité, le degré de pollution, la position du soleil, la quantité de nuages, la nature même du fond marin doivent aussi jouer un rôle. L’environnement. Moi, selon que je sois en forme ou pas, selon ce que je porte, il parait que ça modifie la couleur de mes yeux. Je me demande bien si le bleu de la mer modifie la couleur de mes yeux. Je me demande bien si moi, près de la mer, je modifie aussi son bleu.



***

Ô platitude! Je veux chanter tes louanges! Gloire à vous, heures lentes, qui rallongez mes jours. L’ennui et la paresse, l’inaction, le silence, la rêverie oisive. Platitude, sensuelle platitude. Ne rien dire d’intéressant, ne rien faire d’intéressant, ne pas être intéressant et se détourner de soi. Tous les bâillements moroses, je vous accueille à bras ouverts. Venez à moi, discussions ineptes, événements vains, non-événements, j’aspire à toi, platitude, toi, ma compagne, ma muse, mon but.



***



Quand la marée est basse, on peut se rendre sur l’île aux crabes, un petit ilot avec cinq conifères dessus et recouvert de carcasses de petits crabes. A voir aller les mouettes, je suspecte qu’elles les pêchent, s’envolent et les laissent tomber sur les rochers de l’ilot où les crabes, malheureux, se fracassent. Ensuite, l’ignoble mouette se régale. Selon la perspective du crabe, c’est atroce, selon celle de la mouette, c’est délicieux. Mais de quoi devrions-nous le plus nous préoccuper ? Du malheur des morts ou du plaisir des vivants ? Moi, je dis fuck les crabes et bon appétit.



Reste que si les crabes pouvaient crier en tombant, ça serait un peu lugubre. Leur silence doit jouer dans ma prise de position pro-mouette.



***



Quand la marée est basse aussi et qu’on se promène sur la berge, on voit des Pttt! Pttt! C’est comme des petits geysers. Soit des moules, des coques, des poissons de vase ou encore des crabes, que sais-je ? Tu marches et partout des Pttt! Pttt! Ca, moi, ça m’émeut. Étrangement, je suis toujours ému par ce que je ne saisis pas. Ca doit être pour ça que j’aime la poésie. Pttt! Pttt!



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On est allé s’étendre sur la grève. Ma blonde avait déniché un super spot. Une grosse pierre en angle sur laquelle on pouvait s’appuyer la tête et le cul sur le sable. La marée montait mais on était à dix bons pieds du bord de l’eau. En marchant pour s’y rendre, j’ai mis mes pieds dans l’eau, elle était chaude. Sans doute, parce qu’on est dans une anse et que le soleil pouvait la réchauffer à marée basse. A marée haute, tu regagnes de l’eau de mer et ça refroidit. Deux pas que j’ai faits dans l’eau, deux petits pas, et mes clopes sont tombées sans faire plouf! ni rien. Où sont mes clopes ? Dans l’eau, câlisse.



La marée s’est mise à monter à une vitesse surprenante. Après à peine cinq minutes, on avait le cul dans l’eau et on a du changer de place. Dis donc, ça déconne pas, la marée. On s’est éloigné un peu. Trente pieds de l’eau facile, pour pouvoir lire tranquilles. Il y avait un chien noir fou qui courait après des roches qu’on lançait dans l’eau. Je pensais qu’il était à une petite fille qui jouait avec lui et puis, comme je me suis mis à lancer des roches à mon tour pour les faire ricocher, le chien a quitté la petite fille et est venu nous rejoindre, on était à au moins deux cent pieds.



Si un chien veut que je lance une roche dans la mer pour qu’il la rapporte, j’obéis. C’est plus fort que moi. Une bonne vingtaine de roches que j’ai lancées et il rentrait sa tête dans l’eau en courbant le dos, il ressemblait à un monstre marin, ce chien noir, pour dénicher la roche qu’il rapportait au bord de l’eau. J’ai cherché un morceau de bois, je lui ai lancé, il est parti après et quand il a vu que ça ne coulait pas, il a laissé faire le morceau de bois. « Lance des roches! », ordonnait le chien. Bon. Bon.



On est reparti et on a croisé des gens autour d’un feu qui se parlaient entre eux.



-C’est quand même une plage privée ici.



Ca devait, subtilement, s’adresser à nous. On croyait que l’anse appartenait au domaine mais il semble qu’un bout de plage précis soit à d’autres. On était seuls, on ne dérangeait personne. On était isolés mais il y a fallu qu’on tombe sur des humains. Foutus humains! Avoir su, c’est vers eux que j’aurais lancé mes roches.



***



Un feu sur la plage, le soleil vient à peine de se coucher, le vent se lève, le vent du large, ça sent bon, la mer. Et il nous envoie sa puissance en pleine gueule, comme ça, pour rien. Ok, ok, c’est toi, le plus fort. On est entré se coucher.      

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