mardi 24 juillet 2012

Aventures désopilantes: Chapitre III

Chapitre III : Dans lequel l’auteur lit, rêvasse, rêve et va au lit.

Lire. Tourner les pages d’un livre. Suivre les mots dans l’ordre et les visualiser dans sa tête.

Lever la tête, regarder la mer au loin, la berge tout près. Tendre l’oreille, le cri des mouettes, le vent dans les arbres, les bruits étranges de la forêt. Sentir l’odeur du sel, de l’eau, des arbres, de ma clope qui fume. Prendre une puff et retourner dans le livre.

Je lis Clara et la pénombre de José Carlos Somoza. Acheté usagé à côté du terminus d’autobus de Montréal, il y a de ça trois ans.

Page 246 : Les morts apparaissent quand nous dormons. Notre unique vie éternelle consiste à habiter les rêves des autres.

Je ferme les yeux. Une rivière qui serpente entourée de falaises abruptes. Des montagnes, une montagne au loin dont le sommet est déchiré par une fosse de sable. Une fosse longue et fine qui divise la montagne comme un gâteau qui se fend à la fin de la cuisson. Je crée des décors pour les rêves, yeux fermés, éveillé. Un endroit où pourront vivre les morts.
 

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Mes amis politiques ne lisent pas ces textes, ça ne les intéresse pas. Je reçois des commentaires privés, souvent, de mes autres amis. Mais les gens en politique ont la fâcheuse tendance à se concentrer sur la politique. Mes textes politiques sont les plus lus, les plus commentés, les plus partagés et les moins intéressants. C’est ce que je pense. J’étais très content de la Vieille fille laide, du Clochard et de Grand-Papa. C’est loin d’être mes best-sellers!

Selon moi, ce sont ces textes qui sont les plus politiques. Le sens de la vie, l’amour, la mort, vivre en société, la joie, la musique, la beauté, la solidarité et l’individualité, le rêve. Voilà pour moi des raisons d’agir. Une société qui rêve et qui rit, qui baise et qui se colle, qui pleure et qui aime. C’est pour ça que je milite.


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Mes rides autour de mes yeux se sont formées à force de rire, j’adore rire. L’euphorie est si agréable. Paradoxal tout de même qu’en les regardant, je vois des rigoles pour mes larmes.


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Métis-sur-Mer. Un village avec des maisons qui s’appellent Buttercup et Red House, superbe maison rouge, des maisons comme des manoirs qui longent la côte. Au bout du village, une épicerie qui sent, d’après ma blonde, comme chez une grand-mère. Une petite épicerie grosse comme un dépanneur avec un vivier plein de homards. Quand j’étais petit à Pâques, au Provi-Soir, ils vendaient des poussins. Cinquante cennes pour un poussin, trop cute. On l’achetait, il grossissait et il devait laid. Dehors, le poussin. Eux, ils vendent des homards. Mais pas cinquante cennes. La porte fermait mal et il y avait le bip bip électronique qui n’arrêtait de sonner. Au début, je trouvais ça drôle, je faisais une danse techno sur le bip bip pour faire rigoler ma blonde mais cinq minutes de ce bip bip et j’étais déjà en train de devenir fou.

Métis-sur-Mer, les Anglais avaient les grosses cabanes, les Jardins de Métis, Assle Park. On dira ce qu’on voudra, ils l’ont l’affaire.


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Je m’intègre facilement à cet environnement. Déjà, ma rue de Montréal devient indistincte. L’actualité m’intéresse moins. De toute façon, l’actualité vieillit mal. Ici et maintenant, je n’aime pas ça. Partout et toujours ou nulle part et jamais, je préfère.

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Les vagues frappent les rochers en de gros moutons blancs. Un oiseau passe en criant. Cette nuit, l’orage éclatera, les éclairs éclaireront la noirceur paisible de ce ciel sans lune. Je dormirai en paix.

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