mardi 27 septembre 2011

Toutes des crisse de folles! (une déclaration d’amour)


-Caporal Couture au rapport!, dis-je en entrant dans la tente du lieutenant.


-Couture, la situation est grave. Les Viets vont nous tomber dessus d’ici deux jours. On est cent, ils sont trois mille. J’ai besoin de vous pour une mission délicate.


-Oui lieutenant.


-Vous devez infiltrer leur base imprenable suréquipée et les tuer tous tout seul.


-Mais, lieutenant, c’est du suicide!


-Je sais…


Je saluai le lieutenant Thompson, quittai sa tente et allai chercher ce qu’il me restait d’armes dans la mienne, soit une cuillère de bois et une photo de Marilyn Monroe. J’étais dans le trouble.  


Mais pas autant que si j’écrivais un texte sur les femmes de ma vie intitulé Toutes des crisse de folles!


Je suis suicidaire, faut croire. Adieu donc.


***

L’avion quitta Toronto à 14h30 en direction d’Oslo. A 15h20, un vol de bernaches se dirigeant vers le sud croisa sa route et l’une d’elles jeune et inexpérimentée, c’était sa première migration, la pauvre!, fut happée par le réacteur gauche de l’appareil qui s’enflamma aussitôt.


Le pilote, sentant la panique à bord, annonça qu’il y avait une légère avarie et qu’il pourrait y avoir une période de turbulences. A bord, la passagère Claire Daly blâma son conjoint d’avoir choisi Oslo comme destination, celui-ci lui répondit qu’il était Norvégien mais Claire n’en avait rien à foutre de ses excuses de merde. C’était toujours comme ça avec ce crétin.


Au sol, une femme regardait le ciel ensoleillé et vit passer l’avion, elle vit comme une lueur et se dit que l’avion allait sans doute s’écraser. Elle regarda l’heure, son plus vieux devait revenir de l’école d’une minute à l’autre. Son plus jeune jouait au parc et allait bientôt rentrer par le même chemin. Puis elle regarda à nouveau vers l’avion. Oh mon dieu! Mes enfants!, se dit-elle. Elle se leva et commença à courir paniquée vers la rue où l’avion irait sans doute s’écraser en plein sur la tronche de ses précieux enfants.


Crisse de folle!


***    


Debout nue devant le miroir, elle levait puis descendait son menton en observant avec attention les plis de sa peau. Elle jeta un œil à ses seins, toucha ses hanches, pétrit ses hanches, refit l’opération avec ses fesses. Toucher-pétrissage. Puis avec ses cuisses.


Je passai par là et ouvris la porte déverrouillée de la salle de bain.


-Salut Sexy!, que je dis, enjoué et racoleur.


-Va donc chier!, qu’elle me répondit.


Crisse de folle!


***


Installée sur le divan tranquille, elle sirotait son café en regardant la fleur d’hibiscus apparue le matin et qui fanerait le soir venu. « Qui m’aime ? Qui a besoin de moi ? » Le téléphone sonna et elle répondit. « Bien sûr que je peux venir. Non, il n’y a pas de problème. J’ai mon hibiscus qui a fleuri. Vers trois heures? Ok, à tantôt. » Elle raccrocha. « Pour demander des affaires, ils sont là », qu’elle se dit.


Elle se leva pour se faire un autre café et retourna s’asseoir au salon. Elle regardait sa plante, de si grandes fleurs… Tellement belles. « Qui m’aime ? Qui a besoin de moi ? », reprit-elle.


« Je n’ai besoin de personne non plus, qu’elle se répondit. Qu’ils aillent tous au diable! Quelle heure est-il donc? Deux heures et demie ? Déjà. Je ferais mieux de me préparer. »


Crisse de folle!


***


-Mon fils de dix ans est allé acheter un deux litres de lait au dépanneur et m’a rapporté tout l’argent.


-Wow!, que je réponds, moqueur. C’est de l’anecdote, ça.


Un froid glacial s’installe dans le véhicule. La phrase jetée à la légère ne passe pas.


-C’est peut-être pas important pour toi mais pour lui, si. Et je n’accepterai pas que tu te moques de mon garçon.


-Mais… Je ne me moque pas de ton garçon.


Et je sais que je suis cuit, qu’il est trop tard. Répondre que je me moque d’elle n’envenimerait que les choses. Mauvais call, mauvais call.


-Je voulais pas me moquer de ton fils…


-Ta gueule, Couture, que je me fais répondre par ma blonde qui prend parti contre moi. Naturellement.


Merde. J’ai pas voulu. Désolé. Mais le froid me glace le sang. Le silence est lourd comme une fille nue devant son miroir. Je…


Ah pis! Crisse de folle!


***

En boucle sur son Ipod, elle écoute et réécoute et réécoute encore le même disque, la même chanson. Il est si mignon, le batteur. Elle le rencontre, trop mignon. Un petit groupe qui commence. C’est son idole, il est commis au IGA en attendant que ça démarre. Comme Simple Plan. Elle ne parle que de lui, le dessine sur ses cartables.


Je ne suis plus capable. Elle apprend attristée qu’il s’est fait une blonde. Elle la déteste et se dit que ce n’est pas sérieux. Elle est même pas belle, cette conne.


Une groupie. Voilà ce qu’elle est, une groupie…


Et une petite crisse de folle!


***


Elle ne dit rien.  Elle n’est pas contente du tout mais ne dit rien. Elle lave la vaisselle et se tait. Elle ne dira rien non plus, ne comptez pas là-dessus. Elle n’a pas aimé du tout ce qu’elle vient d’entendre. Elle le sait. Elle va s’asseoir dehors et s’allume une cigarette. En silence. Elle s’en rappellera mais elle n’en dira rien.


Il fait beau cet été. Ca vaut pas la peine. Elle garde tout.


Crisse de folle!


***


Sans la folie, je deviendrais fou. Toutes ces femmes, Dieu que je les aime. Elles me rappellent comme je suis équilibré et sain d’esprit!


Alors mesdames, sachez que si je vous aime, que je vous souris, que j’aime vous parler, vous écouter, être avec vous, c’est que vous êtes toutes des crisse de folles!


Et toi, mon amour, mon trésor, mon bébé, mon soleil, ben, t’es la plus crisse de folle que j’ai jamais rencontré. Béni sois-je que tu sois passée sur ma route.

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