mercredi 21 septembre 2011

Ave Quebec.

Province.
Le Québec reprend son titre.
La Province de Québec.

Le terme redevient populaire dans la bouche des personnalités publiques, des reporters aux bulletins de nouvelles. « La Province de Québec connaît une croissance de ci ou de ça », « Un été meurtrier pour les automobilistes de la province. », etc.

Province.
Le mot viendrait du latin Provincia : pays vaincu ou de Pro Victis : Pour les vaincus. Dans un cas comme dans l’autre, c’est un mot de conquérant. Un mot de Romains, un mot d’Anglais.

A cet égard, c’est le Québec qui est la plus Province de toutes les provinces. La Nouvelle-France, ça, c’était un nom de découvreur. Je plante mon drapeau sur le sol de la Nouvelle-France. La vache! Mais après 1760, fini tout ça. Nous sommes conquis, vaincus et nous devenons province.

Province.
Anglais, je dirais province. Je regarderais les dix provinces comme autant de médailles que le conquérant arbore fièrement. Et j’entendrais « province » de la bouche des Québécois avec le même plaisir qu’on entend « pardon, mon oncle » quand on tord le bras d’un adversaire qui se rend.

Pour les vaincus.
Pro victis.
C’est nous, ça.

« Quoi?, répondons-nous en bombant le torse, vaincus? C’est du passé, ça. Ça ne veut plus dire ça.»

L’Office de la langue française prévoit, voire prévient, que d’ici vingt ans, Montréal sera majoritairement anglophone. The Metropolis of the Province of Quebec. Charest répond : « Ne nous emballons pas. Le français va bien. Allons donc.»

Le Parti Québécois- mon cher PQ- s’alarme et demande un moratoire sur l’immigration.

La faute aux ethniques, encore ?

Je n’ai jamais été très Impératif Français ou Montréal Français. Ces groupes dégagent une odeur d’intolérance plutôt qu’un amour de la langue. Mes combats n’ont jamais été Second Cup ou Home Depot. Mais…

Sed… Cogito ergo sum.  Alors pendant que je suis, je pense. Je note. Je constate.

Plateau-Mont-Royal, début septembre, Vente trottoir sur la rue Mont-Royal. Cool, la Boite Noire, l’Échange, je vais aller bouquiner. Ben, vous me croirez pt-ête pas, ça parlait anglais comme dans le West Island. Ca chialait parce qu’il y avait trop de livres en français et ça s’excusait en anglais de ce que leur librairie était française. « We have a few books in this shelf that may interest you.”

Hochelaga, mon quartier, à tous les jours, au Métro, sur la rue Ontario, l’anglais se fait entendre. Près de chez moi, sur Lafontaine des pedestrians chat.

Dans Mercier, une clinique. Ne pas y parler anglais nuit, des customers se plaignent.    

J’avais concédé le West Island, NDG, VMR, DDO, Saint-Léonard, Greenfield Park, Aylmer, Wakefield, Glen Sutton, Morin Heights. Mais y a toujours ben des osties de limites. Le Plateau, Hochelaga… C’est le village d’Astérix. On résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ben non, Alea jacta est.

Le problème, c’est pas les immigrants. Le problème, c’est les vaincus. C’est Deltell qui chiale parce qu’il n’y a pas assez d’anglais à l’école, c’est Charest qui dit que tout va bien. Nil novo sub sole, vous me direz. Je sais, je sais.

On confond être tolérant et être bonasse. Quand tu te fais marcher sur la tête, tu n’as pas à t’excuser pour la petite bosse sur ton crâne. Il faut en finir avec la compromission. En finir avec l’attitude de vaincu. En Ontario, aux États, soit. Regarder un film en anglais, lire un livre en anglais, écouter de la musique en anglais, d’accord. Mais il faut imposer le français dans l’espace public. Et pas les institutions, nous. C’est à nous à faire ça.

Sinon, comme le latin, le français à terme est appelé à devenir une langue morte.

Allez, Morituri te salutant.

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