samedi 9 août 2014

Nouvelles aventures quasi paranormales du Vilain Rouquin dans le Maine.

Plus de Francophones dans un IGA de Wells que dans un Métro de Ville Mont-Royal. Ils sont partout. Nous sommes partout. Je suis l’un d’eux. Un envahisseur. Les plages, les magasins de souvenir, les restaurants, hôtels, motels, campings, des Québécois partout. Remarquez que ça a ses avantages. Quand ma blonde prend le volant et qu’elle gueule au gars en avant d’elle : « mets ton clignotant, crisse de cave! », il comprend. Comme chez nous.

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J’ai toujours pas pardonné aux Québécois d’avoir élu Couillard. Si je leur en veux autant, ça doit vouloir dire que mon sentiment d’appartenance n’est pas entamé : nous avons élu Couillard. Nous. Moi comme les autres.

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Les vagues salées. Assis dans l’eau, je me laisse pousser vers la plage puis vers le large, irrésolu, dirait Gainsbourg. Les plus hautes passent par-dessus ma tête. Je suis loin. Dans la mer. Bien. Je paierai le prix, déjà j’ai les orteils d’un homard.  

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-Vanilla, please.

Vanilla please? Cette gonzesse me tue. Pendant cinq heures minimum, elle m’a cassé les oreilles pour aller au Scoop Deck. 75 variétés de crèmes glacées. Caramel salé, pâte à brownie, tourbillon de chocolat, morceaux de toffees dans une crème glacée aux pépites de beurre de pinotte, disons. Avec des noms du câlisse que je n’ai pas retenus parce qu’ils étaient une langue étrangère en soi. Do you speak ice cream? Vanille. Elle a pris vanille.

Vanille et chocolat, les deux saveurs de base. Celles qu’on trouve partout. Bonnes, certes, je ne discuterai pas. Mais exotiques? Surprenantes? Inattendues? Vanilla, no sugar, please.

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Je suis toujours pro-charte, plus que jamais. J’y pense de temps en temps. Pas tout le temps, je pense plus au meilleur endroit pour trouver une clam chowder qu’à la charte mais j’y pense. Tracer une ligne. La charte dressait un mur entre l’État et les religions. Espace public, crois ce que tu veux. Espace étatique, garde pour toi ce qui t’appartient. Les religions imposent tellement un code moral, un comportement obligatoire. Et c’est correct. Pas de problème avec ça. Quand la religion entre dans l’État, ça finit toujours mal.

Les pro-charte, on s’est fait dire qu’on allait à l’encontre de la liberté de religion. Par sa nature même, la religion brime tellement de libertés. Libre à vous de choisir d’adhérer au dogme prescrit, mais dans l’appareil de l’État, pas de ça.

La meilleure façon de protéger la liberté de religion, c’est que l’État n’en ait aucune, disait Bernard Drainville. Et c’est aussi une excellente façon de protéger la liberté tout court.

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J’ai vu la mer et le ciel se confondre à un endroit bien précis. C’était à Wells Beach, marée haute. Là, dans l’horizon, en faisant un carré avec mes doigts comme un réalisateur à Hollywood, je ne pouvais clairement voir la ligne entre les deux. Dans mon carré, j’avais deux immensités réunies et mes doigts ne sont pas si grands. J’ai pris une photo mais j’ai trop zoomé. Y a plein de pixels dans mon immensité, merde.

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Quand ma blonde me tient par le bras en marchant, pas par la main, par le bras, quand elle s’accroche à moi, y a plein d’amour, de tendresse. Je la tiens pas, elle me tient. Et je me sens si important. Si pertinent.

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De vieilles maisons abandonnées recouvertes de lierres, le vent du large qui passe à travers la forêt, les nuages d’orage qui forment comme des tubes dans le ciel gris, les oiseaux volent bas. La terre de Lovecraft et de King. La terreur pourrait nous prendre facilement, c’est plutôt la sainte paix qui m’a pris. On est si bien, c’est quasi paranormal.



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