De
Montréal à la Côte Est américaine, la route est longue. Longue et plate. On
peut sans difficulté être à 30 kilomètres d’un endroit et trouver la route
longue et être à huit heures de distance (je dis huit heures de distance,
allusion subtile à l’espace-temps. Hommages Albert!) et pas trouver ça long
pantoute. Le tour de la Gaspésie, c’est pas long. Comprenez le principe. Bref,
la route est longue de Montréal à Ogunquit. Surtout quand tu boudes dans l’auto
après une dispute avec ta blonde.
Avec
le pipi, le caca et la branlette, la dispute avec ma blonde est une des
activités que je pratique le plus pour faire sortir le trop-plein, l’excédent.
On est des corps et on évacue : pipi, caca, sueur, sperme et bile. Eh
bien, je sue moins que je m’engueule. Un paresseux teigneux. Je peux même dire « tu
me fais suer » dans une engueulade alors que je ne sue pas du tout. Je sue
si j’ai chaud. Je m’engueule si j’ai raison. Et comme j’ai plus souvent raison
que j’ai chaud… Bref, on s’est disputé sur la route parce que je trouve que Stuck
with you de Huet Lewis & The News est de la meilleure musique de road trip
que D’aventure en aventure de Serge Lama. On s’en va dans le Maine, câlisse! C’pas
le temps d’écouter les souffrances d’un Français déprimé parce que sa blonde
est morte dans un accident de voiture. Il faut du léger, de l’estival. Steve
Miller Band, John Mellencamp, CCR, Weezer, Bob Marley, le choix est quasi
illimité. Mais Radiohead, Léo Ferré, Leonard Cohen, allons!
-Mais
c’est beau.
-Tu
l’écouteras à maison avec un verre de vin.
-C’est
plate ta maudite musique des années 80.
-C’est
ça, mets ta musique française des années 60.
Pendant
ce temps, on traversait les Appalaches, Green Mountains, les nuages se
décrochaient tranquillement de leurs flancs comme des méduses-montgolfières qui
s’élevaient vers le ciel. J’ai pris une photo sans la montrer à ma blonde d’un
de ces nuages se soulevant.
Pour
me faire chier sans doute, elle a mis la radio à Radio-Canada, en plein cœur des
montagnes du Vermont. Ça rentre jusques là, dites donc.
La
mer nous a attendus. Ils annonçaient de la pluie, pas de pluie. Chouette. On
est arrivé è la plage et un énorme brouillard à la Stephen King enrobait les
baigneurs. La mer camouflée signalait sa présence seulement par le son magique
de ses vagues. Le soleil a dit : ça suffit et a fait se volatiliser la brume
étrange pour faire apparaître une vision enchanteresse. Comme quand une femme,
ma blonde, sort de la douche et que la vapeur d’eau la cache un instant puis se
dissipe.
On
a mangé du Chinois. Pas d’ustensiles. Ils l’avaient oublié dans le sac de take
out. On n’a pas rappelé. De la soupe Hot and sour et du riz au porc, pas de
cuillère ni de fourchette, c’est difficile. Mais, merde, c’est les vacances, on
commencera pas à se faire chier.
I’m
so happy to be stucked with you.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire