vendredi 28 octobre 2011

Des journées comme ça. (Trop plein.)

Il y a des journées où je me dis que tout est perdu. L’indépendance, la justice sociale, le rêve du bonheur accessible à tous, la langue française en Amérique du Nord. On est trop con. Simplement trop con. Vous comprenez ça, n’est-ce pas ? Être con ?
Remarquez que c’est universel, la connerie. On peut peut-être s’en tirer en misant sur la connerie des autres. Mais quand faut compter sur la connerie des autres pour assurer sa survie, on est mal parti.
Prenez le PQ… Au hasard. C’est tellement la merde, l’Everest de la merde que… Et tu vois le caucus, les cons, qui nous prennent tous avec raison pour des cons et qui nous sortent des conneries en l’illustrant par des applaudissements nourris à la cheffe. C’est obligatoire d’applaudir ? Applaudir quoi ? notre excellent travail, la situation actuelle? Non, qu’est-ce qu’ils applaudissent dans leur caucus pour les kodaks, ces cons, en faisant des façons pour les journalistes ?
« Eric, faut que tu comprennes, pauvre con, qu’on doit montrer l’unité et la loyauté de l’aile parlementaire dans cette période trouble. Quand on applaudit, on dit publiquement qu’on est tous derrière la cheffe, qu’on l’appuie. »
Ben, arrêtez d’applaudir pis braillez pour les kodaks, d’abord. Sanglotez! Frappez-vous le torse de douleur. Je vous câlisserais tous à la porte, tous tant que vous êtes… En tout cas, je vous enverrais dans le coin réfléchir. Remboursez-moi. Tellement enlisés dans vos conneries que vous ne misez plus que sur celle des autres, du Con bouclé et sa bande de moutons hébétés ou de celle de Legault qui montrera bien son véritable visage de con, pour vous en sortir. Il reste à peine 18% de la population qui appuient le PQ. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là ? On se fait des huis clos pis on fait rentrer les journalistes deux minutes pour qu’ils nous voient acclamant la cheffe. Excellente stratégie.
Bande de cons.   
Il y a des journées où je me dis que tout est perdu. Prenez la FTQ… Au hasard. La conne de ministre du Travail qui interroge Arsenault, vous avez vu ça ? « J’ai des articles de l’excellent Journal de Montréal qui montre que vous intimidez des gars sur les chantiers. » Réponse de président de la FTQ : « J’ai des articles qui montrent que votre gouvernement est impopulaire. Faque j’ai pas de leçon à recevoir de vous. »
Qui est le con qui a inventé l’expression « J’ai pas de leçon à recevoir de… » La ligne. Nous, on sait les affaires et essayez pas de nous en apprendre. Non, madame.
Je regarde un enfant de deux ans qui s’émerveille devant une crisse de mouche pis ça me donne une leçon. Recevons des leçons de tout le monde, pis avançons, ciboire. Mais non, on est trop con. LA FTQ se comporte comme une bande de voyous et ça fait mal au syndicalisme. Que ça vienne de Stephen Hawkins ou de Lise Thériault ou de Monsieur Gros Jambon de la rue Panais (C’est plus con que Panet comme nom de rue), on s’en sacre. On retient que ça va pas. On retient la leçon. Mais non, on se drape dans notre orgueil de con et on s’offusque.
Il y a des journées où je me dis que tout est perdu. Prenez le Bloc… Au hasard. Un journaliste sort qu’il y a plus de monde qui travaillent à la permanence qu’avant et on répond que ça n’a pas de bon sens, « je vais changer ça, moi ». Pardon? Je dois vraiment être con. J’avais l’impression qu’il y avait quelque chose comme trois cents personnes du Bloc qui avaient perdu leur emploi. Le Bloc engage ? Pis j’ai pas envoyé mon CV? Tout le monde sait qu’il y a des dizaines de personnes qui travaillaient à partir du cabinet et que là, ben, y a plus de cabinet. Alors on en rapatrie quelques uns. Mais voyez, on bourre le monde une fois de plus. C’est pas le nombre qui dérange, c’est les personnes qui restent. C’est personnel. Mais c’est moins payant de dire ça que de sortir des conneries comme « c’est scandaleux que le Bloc se ramasse avec 4 députés et qu’il augmente ses effectifs à la permanence. Moi, je vais te couper ça.»
On ne se parle plus franchement, moi, là tout de suite, je coupe des mots, j’hésite, je me retiens. J’appartiens à l’Internationale de la connerie. Comme toi, con de lecteur, mon semblable, mon frère.  

PS
C'est un gars qui voit voir son docteur. Le docteur fait des examens et revient voir le gars en question.
-J'ai une bonne pis une mauvaise nouvelles.
-Commencez par la mauvaise, docteur.
-Il ne te reste que dix jours à vivre.
-Ouch! Pis la bonne ?
-Tu vois-tu la blonde là-bas ? Je sors avec à soir!

mardi 25 octobre 2011

La Chute des morts.

( Fall of the Dead: l'automne et la chute... Voyez la subtilité de la langue anglaise et les avantages considérables du bilinguisme. Ce titre en soi donne raison à Deltell, dès la maternelle, on devrait apprendre l'anglais. Le français, de toute façon, c'est tellement out...)



C’était un mardi, je crois, vers deux heures. Il faisait soleil et froid, d’aucuns diraient frais, ils vous mentiraient, on se les gelait et il faisait froid, na. Je me sentis aspiré. En fait, mon esprit ou mon âme, à votre choix, se plia étrangement. Je n’étais pas inconscient, plutôt incapable de saisir ma propre conscience qui se noyait surchargée d’informations. Aspiré puis paf! Je sentis mon bras cassé qui me faisait un mal de chien, mon épaule mordue qui m’élançait et qui dégageait une vilaine odeur. Je me sentis perdre pied et tombai sur les pavés de la Place Valois où mon corps avait trainé depuis quelques jours.

C’était fini. Je me relevai et je m’allumai une clope un peu aplatie que j’avais dans la poche de mon manteau de cuir. Autour de moi, progressivement, je vis des inconnus reprendre conscience. D’autres, avoir un soudain soubresaut et s’effondrer, mourant une seconde mort devant mes yeux effrayés. Je retournai chez moi. Partout, de nouveaux vivants, partout de nouveaux morts. Ma blonde et ma fille m’attendaient assises dans les escaliers, inquiètes.

L’épidémie avait faite plus d’un million de victimes au Québec seulement. Comme le phénomène avait été mondial, on se félicitait d’avoir été moins zombies que d’autres endroits, on comparait notre zombitude. Il y avait des témoignages à la télé; des gens qui pleuraient dans un train ou sur un plateau et qui racontaient qu’ils avaient mangé leur famille au complet et qu’ils en étaient bien tristes. « Après la pause, une femme enceinte racontera sa terrible expérience franchement dégueulasse, soyez à l’écoute. »

Le gouvernement du Québec dut payer des centaines de millions de dollars pour un vaccin qui ne servit à personne parce que l’épidémie était venue sans s’annoncer et partie sans avertir. Les centaines de milliers de personnes mortes à leur réveil parce qu’on vit plutôt mal sans cœur ou sans sang ou sans tête permirent une diminution considérable du taux de chômage. Ce qui allait clairement au-delà des attentes du Plan d’action économique conservateur… Bref, sinon les familles des morts morts, tout le monde se réjouissait.

Chopin survécut sans tête, ce chat est plus que jamais un estomac ambulant et il ronronne encore quand on le caresse. Je reconnais aujourd’hui que c’est quand même bien d’être un mort-vivant et je continue d’arpenter les ruelles du quartier en souhaitant très fort l’attaque inattendue d’un autre vieux malade.

vendredi 21 octobre 2011

L'Automne des morts.

Dans le précédent épisode, mordu par un vieil homme dans une ruelle d’Hochelaga, je mourais et devenais un zombie alors que mon esprit fantomatique flottait, impuissant, au-dessus de mon corps meurtrier et insensé. Bienvenue dans…


Romero’s Fall of the Dead. Episode 2.[1]

Elle ouvrit la porte et déposa son sac en me criant qu’elle filait chez son amie. « Pas avant d’avoir fait tes devoirs. », répondit inutilement mon esprit silencieux par pur réflexe alors que j’étais bien content qu’elle file loin de cette monstruosité qui, hélas, la suivit d’un pas lent et abruti.

Les escaliers en colimaçon n’ont pas été pensés pour accommoder les zombies, force nous est de l’admettre et c’est une autre preuve que Montréal s’en va su’a bum. Je vis mon corps descendre une marche, perdre l’équilibre et débouler avec une raideur ridicule les escaliers inadaptés. Mon esprit en laisse suivit de haut cette descente grotesque jusqu’au trottoir de ciment.

Ma fille traversait joyeusement la rue Lafontaine et ne fut pas témoin de ce blooper post mortem. Le chien d’un voisin indéterminé, par contre, le fut et le maître, croyant voir un tragique incident vint au secours de mon corps meurtrier au moment où celui-ci se redressait péniblement, le bras droit ayant un angle obscène. Il s’avança en composant le 9-1-1 sur son téléphone cellulaire pour qu’on m’envoie une ambulance et se rapprocha trop près de moi. « Fuyez, vieux cave! », voulais-je hurler. Trop tard. Comme l’homme de la ruelle de la rue Joliette, mon corps s’avança sur le samaritain et lui mordit la carotide.

La pluie froide avait recommencée et tombait doucement sur le voisin étendu sur le sol, le cou giclant un sang chaud que sa main en vain tentait d’interrompre. Cela dura moins longtemps pour lui que pour moi et il fut pris après quelques minutes seulement d’étonnants soubresauts rappelant la danse du bacon venue d’une époque ridicule. Première victime d’Éric le mort-vivant roux.

Quand les ambulanciers arrivèrent, deux hommes hagards couverts de sang erraient au milieu de la rue d’Orléans. L’un au bras désaxé, l’autre au cou ouvert. Vision pathétique. Les ambulanciers, ayant vu pire, s’approchèrent naïvement…  

***

Quelques jours plus tard, partout dans Hochelaga, partout dans Montréal, des dizaines de milliers de morts-vivants arpentaient les rues à la recherche de chair fraîche. Le gouvernement du Québec cherchait des façons d’assurer une coexistence pacifique avec cette population malade alors que le gouvernement fédéral proposait de faire sauter l’île quitte à faire sauter les quelques non-contaminés qui se terraient dans leurs appartements, bien protégés grâce aux escaliers en colimaçon, obstacle insurmontable pour les zombies québécois.

Je vis avec douleur ma fille se faire croquer, puis ma blonde mais pas mon fils, trop occupé à l’intérieur de l’appartement à jouer à Skate II sur X-Box et à chatter sur facebook.

Les téléviseurs allumés dans les pawn shops de la rue Ontario me permettaient de me tenir au courant des derniers développements. J’étais mort et j’aurais du m’en foutre mais ma conscience sociale étant ce qu’elle était, je suivais avec intérêt et un esprit critique les plus récentes informations.

« Vous êtes pas écoeurés d’être caves, bande de morts », avait graffité un graffiteur anonyme sur la devanture de la pharmacie du coin Bourbonnière-Ontario. Les quelques feuilles des grands arbres continuaient à tomber tranquillement mais l’odeur des feuilles mortes était noyée par l’arôme âcre du sang, partout.

Le gouvernement libéral annonça la tenue d’une Commission sur le mieux-vivre-ensemble à huis clos mais dont le rapport serait rendu public s’il n’était pas trop embarrassant pour la classe politique. « Le fait que la moitié de la population soit morte et déambule dans nos rues ne doit pas contribuer à affaiblir le processus démocratique. Il est impératif, pour notre gouvernement, de mettre en place des mesures appropriées face au nouveau défi que nous devons relever collectivement. Et ça, c’est non négociable. »

Une manifestation monstre se tint à la place Émilie-Gamelin pour dénoncer… On se rendit compte qu’en fait il ne s’agissait finalement que de centaines de zombies qui trainaient là par hasard. Mais la journaliste de Mon Topo réussit à poser des questions idiotes à une morte-vivante qui était sur place.

-Êtes-vous satisfaite de la façon dont on vous traite, madame?

« Grrrr!!! » , fit la madame en croquant le caméraman. « Voilà Pierre. », dit la journaliste. « C’est à suivre. »

Mon esprit qui errait toujours au-dessus de mon corps voulait foutre le camp. Je n’en pouvais plus. Julius Grey voulait intenter un recours collectif au nom des morts-vivants contre le mauvais traitement que ceux-ci recevaient. Richard Martineau gueulait contre l’à-plat-ventrisme des dirigeants et demandait qu’on soit plus ferme avec ces zombies qui avaient l’obligation de s’intégrer à la population. « Si je vais chez les zombies, je vais me comporter en zombie. Mais là, ils sont chez nous, il faut qu’ils fassent comme tout le monde. » Heureusement, Claude Picher avait pris sa retraite, il ne commenta rien. « Partir, il faut que je parte. »



[1] C’est quand même très flash.

mardi 18 octobre 2011

Romero’s Fall of the Dead.

Je sortais du métro Joliette situé par un drôle de hasard tout près de la rue Joliette. Une vieille femme tremblotante avec une canne à la main quémandait paniquée un peu d’argent près des portes de sortie ou d’entrée, selon qu’on sortait ou…  Je lui refilai deux dollars et elle me regarda au bord des larmes en chuchotant « Oh! mon dieu! Oh! mon dieu! », honteuse.

Dehors, de grands arbres braillaient des feuilles jaunes et rouges comme des moumounes pleurnichardes; la petite pluie qui tombait était froide comme une vendeuse de bijoux quand ça parait qu’on est cassé comme un clou; deux flics blancs dans une voiture de flics blancs posaient des questions à deux jeunes noirs avec des tuques sur la tête.

Le monde entier était en effervescence « Occupy » comme une bonne toune de Rage against the machine. Occupy, Testify… Pis une grosse basse. Quelque chose qui rentre. Au Square Victoria, ils s’étaient installés quelques centaines, disait-on. Fallait trouver un spot capitaliste. Amir allait faire des façons aux festivaliers de la conscience sociale, moi, je serais allé planter mes piquets de tente au Journal de Montréal. « Occupy Stupidity. »

Bref, je rêvassais en descendant la rue Joliette, aussi tranquille en automne que l’esprit de PKP pendant un lock-out de deux ans. Je croisai une ruelle sur laquelle je m’engageai, plus calme encore, avec des graffitis qui nous apprenaient que Jessica L. est une crisse de pute. De petites fleurs mauves poussaient parmi des branches mortes. Les extrémités des arbres se rejoignaient encore malgré que le sol odorant et coloré était jonché de la quasi-totalité de leurs feuilles mortes. La pluie continuait à tomber froidement.

Un type dans sa cour arrière qui avait du prendre une méchante brosse la veille me regarda un instant et je n’en fis pas de cas. Jusqu’au moment où, sortant de mon champ de vision, le bonhomme me sauta dessus et me mordit le cou! En fait, en sentant qu’on m’attaquait, je bougeai promptement –disons- et il ne me prit qu’une petite croque d’épaule. Je lâchai un méchant whack et m’enfuis en repoussant ce malade mental qui ne me poursuivit même pas.

Vous dire le mal de chien. Ca saignait sur mon bras et je pressai ma main très fort sur mon manteau de cuir qui recouvrait la plaie.  J’accélérai le pas jusqu’à Ontario et, comme je ne voulais pas passer pour un fou, je cachai ma morsure et marchai d’un pas qui se voulait naturel sur le trottoir de la rue marchande. « Où est-ce qu’on s’en va, tabarnac ? On est rendu à se mordre comme des chiens! », que je me disais alors que les passants me regardaient d’un air bizarre en se détournant de moi. « Occupy », mon cul, votre solidarité de merde, hen!, quand il y a quelqu’un qui se blesse, vous dégagez, bande de sales.

J’arrivai enfin chez moi. Je courus à la salle de bain et enlevai mon chandail, « toujours aussi sexy », me dis-je en regardant mon torse dans le miroir. Je pris une débarbouillette et du savon et lavai ma plaie. C’était pas si tant pire. Comme une vilaine coupure. Polysporin et un gros diachylon, on n’y verrait plus rien. Je le montrerai à ma blonde quand elle reviendra de la clinique.

Je m’étendis sur le divan et allumai la télévision à Zeste pour regarder le très cool Anthony Bourdain. Je ne me sentais pas très bien. Je grelottais. J’avais chaud. Je gelais. Je suais. Et mon épaule m’élançait. Et ma tête voulait éclater. Et j’avais mal au cœur. J’allais dégueuler, c’est sûr. A cause d’un vieux fou. Putain, la désinstitutionalisation. Beau travail, bande de bureaucrates. « Occupy Louis-H. » Chopin vint se coucher sur moi et je caressai mon chat obèse.

Nous voilà arrivés au moment tragique où je raconte ma mort. J’ai même pas dit au revoir à ceux que j’aime. Mes innombrables, mes merveilleux. J’étais seul dans le salon avec un chat me ronronnant dessus, les enfants n’étaient même pas revenus de l’école. Au moins, je caressais le gros. Je me sentis partir, flotter dans les airs par-dessus moi-même. Assez cool! Comme l’idée qu’on se fait d’un voyage astral. Mon corps avait cessé de bouger. Je me dis que je n’avais rien décongelé pour le souper et que ça chialerait tantôt.

Chopin, voyant que les caresses étaient terminées, s’en alla manger, comme d’habitude, ce gros porc. Ma peau devint toute pâle et je compris du haut des airs que j’étais mort. Eh! Merde. Je me sentais coupable de faire de la peine à mes amours mais j’avais tout de même pas fait exprès.

Et là, paf!, vous ne me croirez peut-être pas, mais mon corps se releva et il se mit à sortir des grommellements gutturaux que je n’avais jamais faits ou peut-être une fois avec une fille particulièrement vicieuse quand j’avais 17 ans. Mes yeux étaient vides et sans éclat comme ceux de Mario Dumont et mes mouvements saccadés me donnaient des airs de marionnette. Je compris en me voyant que j’étais devenu un zombie. Ta-tam.

Mon corps sans grâce se traîna vers la porte d’entrée et mon idiot de chat me suivit pour quémander une autre caresse. Je me vis me pencher sur lui et lui croquer la tête. Dégueulasse. Ah! Non! Pas Chopin, pas Chopin, s’il-vous-plaît. Et mon chat mourut. Je m’attendais à le voir apparaître comme une forme nébuleuse auprès de moi dans les airs mais non, ce crétin ne fit que pisser le sang et crever.

Ma fille, revenant de l’école, ouvrit la porte de la maison et je lui criai « Va t’en! Va t’en! » mais ma forme vaporeuse n’avait pas de voix, ce qui restreint la force des cris, faut-il le reconnaître. Alors, je pensai très fort « papa est un zombie, chérie. Fous le camp. » mais la télépathie ne fonctionnait pas plus.

Serais-je le témoin de la mort atroce de ma fille par mes propres mains ? La suite demain.        




jeudi 13 octobre 2011

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace.

Je voudrais m’excuser auprès de mon papa et de ma maman. Moi, je croyais que les adultes ne conservaient de leurs jeunesses que quelques bribes éparses, nébuleuses, indistinctes. Vagues souvenirs d’événements lointains comme des photos où on se voit riant d’une blague oubliée. « Je suis un incompris! », criais-je à la tête de mon père comme mon fils aujourd’hui m’envoie des « Tu te rappelles pas quand t’avais quinze ans? ». Et moi, ça me tue de me faire dire ça. Il est encore là le p’tit roux de quinze ans. Je croyais que ma jeunesse serait éternelle comme je croyais que les adultes avaient toujours été vieux.

On garde tout en soi, on emmagasine, comme mon voisin freak qui remplissait sa cour arrière de cochonneries, utiles peut-être un jour, mais là, quécéça? C’est dur de lâcher prise.

J’étais à un souper entre amis la semaine dernière. On était onze autour de la table, de vieux amis depuis quoi? vingt-cinq ans… Ca fait tourner la tête, un quart de siècle. Il y a Sophie qui est là et on parle politique. Elle me dit : « T’as assez donné. Tu devrais passer à autre chose et te reposer. »

Pardon? Qu’entends-je? Me prendrait-on pour un vieux ? Me reposer… Non. Plus tard, peut-être mais là, je veux retrousser mes manches. Et sourire à la relève.
 
*** 

Je ne suis pas un intime de Daniel Paillé. Je le connais bien, mais pas intimement. Pendant un an, il m’a hébergé dans son bureau à deux pas de la maison. On rigolait ensemble, c’est un bon vivant, et on discutait de politique de temps en temps. Il a l’œil vif, le sens de la répartie et un attachement au français qui l’honore. Il parle franchement et, s’il aime plaire, il est suffisamment fort pour accepter de déplaire. Il représente pour moi un atout dans le mouvement souverainiste et particulièrement au Bloc et je lui suis toujours resté loyal et reconnaissant. Après les fleurs, le pot ? Non, pas de pot, pas de peau. Sinon que sur mon bulletin de vote, il ne sera pas sur la première ligne.

Évidemment que j’ai mis mon nom sur son bulletin de mise en candidature comme je serais prêt d’ailleurs à le mettre sur celui de Maria avec qui je n’entretiens pas du tout de très bons liens, disons. Je veux une course. Je veux des débats. Et j’invite d’ailleurs tous mes amis bloquistes à signer tous les bulletins qui leur tomberont sur la main… Ceci dit, c’est un nouveau Bloc qui doit naître après décembre. Une toute nouvelle expérience. Et nous ne sommes plus au temps de la continuité. L’heure est à la révolution joyeuse!

***

Pour que le Bloc survive, il faut tout repenser. Le Bloc Québécois est une anomalie historique. Pendant plus de vingt ans, le Québec a refusé le jeu fédéral : il a envoyé des séparatistes à Ottawa narguer les fédéralistes. Un vote pour le Bloc était plus baveux que l’attitude même du Bloc. A la fin, on a oublié quelle gifle le Québec envoyait à chaque élection.

On s’est mis à se prendre pour un parti fédéral, grand défenseur des intérêts de la nation québécoise, alors que notre seule présence était une insulte au Canada, à l’idée canadienne.

On s’est mis aussi à défendre le consensus québécois et parler au nom de l’Assemblée nationale, relayant les motions unanimes d’un parlement libéral et fédéraliste. Parce que c’était, selon nous, la volonté des Québécois. Mais notre volonté à nous, celle de faire un pays, qu’est-ce qu’on en a fait ? On l’a mise dans des discours de temps à autres, pour nos militants, pour les journalistes, pour se gâter un peu. On l’y a mise parce qu’on y croyait mais on a accepté le jeu du Canada.

Ne l’acceptons plus. Faisons du Bloc Québécois la mouche du coche, l’empêcheur de tourner en rond. Devenons un nouvel acteur dans une nouvelle pièce. Oublions les règles imposées et imposons nos propres règles. Écoutons-nous nous-mêmes. Surprenons-nous et réinventons la souveraineté.

***

J’appuie Jean-François Fortin. Je l’appuie parce qu’il n’est pas contaminé. Parce qu’il commence vierge et volontaire. Plus que de la relève, il arrive sur les ruines du 2 mai et nous annonce qu’il veut bâtir. Pas là pour reconstruire, là pour construire. C’est un regard neuf sur un monde nouveau ou, du moins, un monde oublié. J’appuie Jean-François Fortin parce qu’il travaille avec les seuls paramètres avec lesquels désormais nous devons travailler. Il est un député modeste d’un parti modeste avec des ambitions démesurées : faire du Québec un pays.

Je l’appuie parce qu’il a le regard intelligent et franc, la poignée de main ferme et généreuse, il a l’écoute naturelle et attentive et des projets pleins la tête.

Je ne l’appuie pas parce qu’il vient de la Gaspésie mais je suis content que la Gaspésie l’ait produit. Je crache sur l’expression « montréalisation » et j’ai rien à foutre des guéguerres qui divisent les régions du Québec. Je ne le sens pas Gaspésien mais Québécois et je crois qu’il pourra nous rassembler.

Je ne l’appuie pas parce qu’il n’a pas quarante ans, l’âge n’a rien de qualitatif. « Le temps ne fait rien à l’affaire », comme disait Brassens. Mais je suis content qu’il soit d’une autre génération. J’ai rien contre les babyboomers, j’en suis même un ardent admirateur, mais qu’il y en ait pour prendre le relais, pour assurer la suite, me soulage. On ne peut prétendre tout le temps que la souveraineté est multigénérationnelle et avoir toujours des gens de la même génération à notre tête. C’est pas mon argument fondamental, oh que non!, il est même assez faible, mais c’est un plus.

J’appuie Jean-François Fortin parce que. J’ai confiance. Et espoir.

***

Et je  vous invite à signer son bulletin de mise en candidature et celui de Daniel Paillé, et même celui de l’autre-là. Je vous invite à vous impliquer, à débattre, à être sereins et vous rappeler tous qu’on est du même bord. Et que commence cette course!  

mercredi 12 octobre 2011

Weather - Underground.

Des journées qui tombent pile-poil sur la normale de saison, je me demande bien combien il peut y en avoir dans une année ? Je dis seulement ça comme ça, parce que je me les gèle et que je sens qu’incessamment, je ne pourrai plus écrire sur le balcon. Fini les clopes et le café à débiter des sottises profondes.

Combien de textes géniaux seraient morts ainsi parce qu’on ne peut plus fumer en dedans ? Sartre, Camus, Hemingway, Lévesque… « Ah pis de la marde, Option Québec, on gèle trop. Je rentre. »

La course à la chefferie du Bloc se met tranquillement en branle. On va avoir des potes dans tous les camps, même dans celui de Maria. Ca risque de créer de petites rancœurs et c’est correct. Ca me va. Ca s’efface à terme.

Après notre phénoménale dégelée, il est temps de se retrousser les manches et de reprendre le travail. En tout cas, c’est ce que j’entends faire. Laisser tomber mon bon vieux Bloc, que non!

Mais qu’est-ce donc qu’on attend de cette course ? En décembre, on aura toujours quatre députés qui se partagent cinq cent quarante-trois dossiers sans siéger sur un comité. On aura toujours l’Épée de Damoclès financière au-dessus de la tête. On aura un nouveau chef, certes, mais avec des défis qu’on ne connaît même pas, dont on n’a pas l’expérience.

Depuis sa première élection en 93, le Bloc a toujours gagné. Il a toujours eu de quoi célébrer et c’est seulement ça qu’on connaît. Comment faire face maintenant ? Je ne le sais pas. Et puis quatre ans, c’est long longtemps. Comment il a fait le PQ de 1970 à 1976 avec 7 puis 6 députés ? Et l’ADQ avec Dumont, tout seul ? Et Québec solidaire ?

Nous nous sommes crus la voix du Québec si longtemps. Avec arrogance, tant on était fort. On a pris l’électorat pour acquis et la routine et le quotidien sont venus briser notre belle relation. Ca nous apprendra. « Je travaille au Bloc », je disais, moi, avec fierté. Et maintenant, je me promène avec mon petit sac en tissu de la campagne de 2008 avec écrit dessus Bloc Québécois et je me sens marginal. « Qu’est-ce qu’il fout avec son sac, le con? », que j’imagine les gens dire. J’étais mainstream, je suis devenu underground.

Ca va. C’est le jeu. Perdre ses élections après les avoir gagnées si souvent, ça nous renvoie la démocratie en pleine gueule. Ah! C’est vrai, le peuple décide, se rappelle-t-on soudain. Quand il décide pour nous, c’est peut-être quelque chose comme un grand peuple; quand il décide contre nous, ce qu’ils sont cons, ces cons.

C’est quand on n’a plus rien à perdre qu’on est le plus audacieux. All in. Si les candidats à la chefferie ne comprennent pas ça, non seulement ça n’augure rien de bon pour le Bloc mais en plus, on n’aura même pas de fun.

J’embarque donc dans la course et demain, je rendrai public mon appui à un des trois candidats pressentis. Point tournant, voire décisif de cette course. M’en fous. M’en fous que ça vous fasse pas un pli, m’en fous que ça ne change rien. Si j’ai envie de le dire, hen, j’ai le droit. Je m’invente un suspense. Poommm pom-pom pom poooom,

Ils annoncent 19 pour cet après-midi, être bien pour écrire. La dernière fois qu’un 12 octobre, il a fait 19, c’est quand ? Et c’est quand qu’il a fait la normale de saison pile-poil ? J’ai comme l’impression, juste une impression, que les normales, c’est rare. Tant mieux, les normes, c’est plate.  

dimanche 9 octobre 2011

Non mais...

Ah ben tabarnac! Une demande spéciale asteure! J’ai-tu l’air de Ricky Dee? J’ai-tu une face d’animateur du FM de Montréal ? Le EffffMmmmm de Montréééal. Je suis un artiste, moi. Oui, monde incompréhensif, je me lève face à toi et je ris. Ah! Ah! Ah!

Et mon rire est grave et puissant. Dans les cimes enneigées de ma tête où, le torse fier, je triomphe et pose mon regard sévère mais juste sur la bêtise, j’entends l’écho de ce rire en majesté et devine la crainte du petit.

Crains, petit, ma plume acerbe et acérée! Je t’observe.

***
Légère digression, un instant. J’ai écrit « asteure » dans ma première phrase et même que là, je viens de le réécrire entre guillemets et pas de barre rouge sous le mot. Conclusion, ce n’est pas une faute d’orthographe. Je me demande si ça veut bien dire asteure ou si c’est pas par hasard quelque chose d’autre ? A moins que je l’aie ajouté au dictionnaire moi-même et que je ne m’en rappelle plus. Mais là encore, c’est pas comme si j’écrivais asteure à tout bout de champ. « A tout bout de champ », qui est l’abruti qui a inventé cette expression ?
 
***

Une demande spéciale? J’ai même pas eu de demande ordinaire, d’abord. En fait, depuis le début, j’ai jamais eu de demande. « Eh dis donc, Eric, qu’est-ce que tu penses de la course au leadership du NPD? » ou « Parle-nous donc de ce que tu fais de tes journées depuis qu’à grand coup de pied dans le cul, le Québec a sacré dehors le Bloc? » Non, rien. Pas de demande. Je dis pas ça parce que j’en veux des demandes, j’en ai rien à foutre… Les demandes, ça enlève la surprise. Tel que vous me lisez, je me plie. Voyez, rien de naturel, je réponds à une mémé aux cheveux blancs. En plus, elle sera peut-être même pas satisfaite, la madame.

C’est parce que je suis un sensible. Un sympathique empathique. En fait, des fois, je l’ai pas pantoute. Des fois, je dis une bonne blague à une fille comme « Eh! Toutoune, t’as décidé de te faire pousser un deuxième cul sur le premier ? » et vlà l’autre qui est offusquée. Y a pas à dire, je comprends rien aux femmes… Pis après, elles disent qu’elles aiment les gars qui ont le sens de l’humour… Pfff… Toutes des folles.

***

Je sais pas quoi dire parce que, voyez, d’habitude, c’est moi qui demande. Et je demande pas vraiment, je veux et j’eggige… C’est aussi dur à écrire qu’à prononcer, cette phrase. Oui, je suis l’exigeant rouquin. Et que veux-tu? Et qu’exiges-tu?, vous demandez-vous peut-être ou peut-être pas. Peut-être même que vous avez arrêter de lire au deuxième paragraphe parce que je ne vous parlais pas de politique… Je veux qu’on goûte la vie, moi. Je veux ça. Je veux pas de commission d’enquête publique ou d’aréna à 400 millions ou arriver du point A au point B en cinq minutes, quitte à écraser cinq piétons. Je veux qu’on tripe tout le monde. Je veux qu’on arrête de déconner avec la vie des gens qui en arrachent pis que le Canadien gagne cette année avec un maximum de points pour P.K. que j’ai pris dans mon pool mais au neuvième rang quand même pour pas scrapper ma saison, pis de toute façon, on est obligé de prendre deux défenseurs.

Je veux de la musique, de la bouffe qui goûte bon, des amis, mon amoureuse, mes enfants… ma famille, des livres qui me transportent ailleurs. Je veux l’automne plein de couleurs et mes minous qui ronronnent sur mon ventre. Je veux toucher les autres et je veux avoir le droit de fermer ma gueule quand j’ai rien à dire. Voilà, mes demandes spéciales.

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Ce qui est plate avec les poubelles quand il fait soleil, c’est l’odeur insupportable de merde de chat qui nous frappe au visage dès qu’on les ouvre pour mettre plus de merde de chat. Bon, reprenons.

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Elle m’a donc fait une demande spéciale… Léger, léger… Putain, j’ai la légèreté lourde. Pis, j’ai toujours trop de réflexions dans la tête : des idées de texte, surtout. Un que je veux faire sur des mots qu’on écrit mais qu’on n’aime pas. Un sur la nouvelle langue de bois. Un qui explique ma nouvelle sur la Vieille fille laide… C’est la mort qui parle, pas un maniaque. En tout cas… Mais je suis reconnaissant, voyez, qu’elle m’ait demandé ça. Que mes mots puissent servir… Ca fait que je te remercie de me lire, sincèrement, ça me touche, ça m’honore, et ta demande spéciale, tu peux ben te la crisser dans le cul.  


samedi 8 octobre 2011

La vieille fille laide

Elle était étendue sur le lit à regarder la télévision quand je vins la rejoindre. Elle me fixa, surprise de me voir là alors que, tant de fois, elle m’avait invité et que, tant de fois, j’avais refusé.

-Éteins la télé, s’il-te-plait, lui-dis-je.

Elle me regarda malaisée et j’allai m’étendre près d’elle. Dieu qu’elle était laide.

Je passai mes longs doigts sur ses côtes décharnées jusqu’à ses hanches trop larges et caressai son cul disproportionné. Elle m’observait en silence de son regard terne et sans intelligence. Elle n’était pas stupide, seulement l’intelligence s’était retirée, honteuse, de ses yeux et se cachait à l’intérieur. Son nez trop retroussé et trop large lui donnait une allure porcine et sa bouche peinait honteuse à se retrouver sur ce visage triste. Tant de laideur aurait pu finir par être harmonieuse mais non, tout était inapproprié.

Je posai mes lèvres sur son front bombé et embrassai tendrement ses cheveux sales, suçai le lobe de ses oreilles difformes et léchai son cou avec faim. J’étais le découvreur d’une terre inexplorée d’un monde dévasté. Elle soupira. Et ce fut son premier soupir. Je suivis de mes doigts la ligne de sa colonne vertébrale voûtée par la honte. Elle frissonna et ce fut son premier frisson.

-Attends voir comme c’est bien, lui murmurai-je doucement. 

Je l’inondai de caresses et de baisers, pansant une vie de tristesse et d’ennui d’un plaisir fugitif et éphémère. Bien trop peu. Bien trop tard.

Sa vie, plus moche encore qu’elle, s’était passée dans l’ombre. Là où on ne pouvait pas la voir. Lasse des regards dégoûtés ou méprisants, elle s’était faite ennuyante parce que le désintérêt des autres était tellement mieux.

Elle ne disait rien, sa voix ne voulant troubler un moment qu’elle n’espérait plus, qu’elle n’avait jamais espéré. Elle avait avorté son désir, son espoir, le bonheur. Ne les avait jamais laissés naître en elle, voués à une vie de merde.

Sa poitrine se gonfla quand mes caresses devinrent plus pressantes, plus audacieuses. Elle laissa échapper un râle comme un hoquet.

Et je pénétrai la terre vierge, sauvage, abandonnée. Elle se cambra et se donna à moi comme une femme, pour la première fois, une femme. J’essuyai de ma bouche ses larmes de reconnaissance. Alors que je la sentais plus brûlante, plus chaude, fiévreuse, je l’allumai davantage.

Le regret ne vint pas assombrir nos ébats et elle se contenta du présent sans ressasser ses souvenirs douloureux. Là, maintenant, elle vivait. Je sentis monter en moi l’orgasme comme un obstacle à l’éternité du plaisir. Rien n’est éternel. Je sentis monter en elle l’orgasme comme… Comme rien, elle ne savait pas, ses yeux s’ouvrirent grand. « Qu’est-ce que… » Et puis une espèce de grognement de vengeance assouvie. Elle pouvait éprouver, elle éprouvait… Oh mon dieu, la tension! Et son second soupir long et fort meubla l’univers une seconde.

Je me glissai hors du lit, lui caressai les cheveux et l’amenai avec moi loin de cette merde nauséabonde.


***
Ils retrouvèrent la vieille fille laide quelques semaines plus tard. Le corps boursouflé. Plus laide encore morte que vivante. Étrangement, elle souriait.    

mardi 4 octobre 2011

Encore à me regarder le nombril

Salut. C’est moi. Assis dehors comme un con. Avec mon coat de cuir en lambeaux. Ma clope et mon café. Sur la rue d’Orléans, il y a quelques arbres qui jaunissent. Ca ressemble à l’automne.

Pendant des années, presque des décennies, j’ai écrit des mots pour les autres. Depuis quelques mois, j’ai recommencé à écrire pour moi. C’est du moins ce que je me suis dit au départ. C’était le plan. « Je vais leur dire, moi, ce que je pense vraiment. »

Mais on ne fait pas ça quand on est bien élevé. On fait des compromis. On évite de blesser ceux qu’on aime, ceux qu’on apprécie, ceux qui pourraient nous aimer.

On occulte des sujets. On glisse… Comme votre Commission d’enquête publique, disons… J’m’en fous. Je me dis que vous voulez que ça soit public parce qu’on aime ça le lynchage. Voir les méchants à télé se faire dire qu’ils sont méchants. Prends ça, mon tabarnac. Moi, que le gouvernement fasse sa job… Je veux même pas la démission de Charest, je veux juste qu’on le batte aux prochaines… Fait que je glisse… Je passe à autre chose.

Je chiale que les politiciens gouvernent pour plaire à leur électorat et je suis là, assis dehors comme un con, à essayer de plaire à mon lectorat. Je suis contaminé.

Parce que c’est dur, voyez, de déplaire. Faut être fait fort. Moi, je suis pas fait fort.

Prenez la course au Bloc. Fortin-Mourani. C’est facile. J’aime pas Mourani, elle m’aime pas non plus. On s’aime pas. Si elle dit une chose, les chances sont bonnes que je pense le contraire. Je voulais qu’elle perde le 2 mai, c’est tout dire. Je voulais que tout le monde gagne sauf elle. J’ai été servi.

Mais là, il y a Daniel Paillé qui s’ajoute à l’équation. Je l’aime, Daniel. On s’entend bien. Pendant un an, il m’a hébergé dans son bureau. Recherchiste en résidence, qu’on disait. Quand la chambre ne siégeait pas, je pouvais travailler de Montréal.

Fortin, lui, je n’ai entendu que des bonnes choses sur lui. Par des gens que je respecte.

Alors, j’hésite. Je suis indécis. Ou lâche. Ou les deux. On verra.

Qu’est-ce que je veux du Bloc ? C’est comme ça que je dois penser. Qu’est-ce que je veux du Bloc dans le contexte actuel. Quatre députés. 321 députés fédéralistes à Ottawa. Le PQ en crise. Le Québec plate.

Je vais vous le dire, moi, ce que je veux du Bloc. Wow! Tu vas nous dire ça, toé? Oui, m’a vous l’dire.


LES EXIGENCES DU ROUX
(Notons les majuscules qui veulent dire que ce n’est pas négociable.)

1-      Je veux que le Bloc soit la mouche du coche. Un maringouin. Un laxatif. Je veux que le Bloc oublie les électeurs et fasse chier.

2-      Je veux que le Bloc Québécois se foute des compétences constitutionnelles et prenne position sur tout ce qui nous touche. Pas en Chambre, dans l’espace public. En chambre, au contraire, je veux qu’il ne se prononce que sur ce qui nous touche directement. Prendre position sur un parc national de Colombie-Britannique, fuck it. On reste assis, faites vos affaires, le Canada, on s’en fout. Mais dans l’espace public, le Bloc peut ben parler de tout ce qu’il veut, on n’en veut pas de la séparation des compétences, on veut l’indépendance.

3-      Je veux que le Bloc réveille les Québécois. Je veux que les médias atterrés fassent des unes avec le Bloc qui rabroue les Québécois. On se comporte comme des caves et il n’y a plus personne pour nous le dire.

4-      Je veux que le Bloc brasse la cabane.

5-      Je veux que le Bloc soit vivant.

6-      Je veux que le Bloc soit catégorique. Je veux plus que des caves votent pour nous autres. Je veux gagner dans l’honneur et perdre en beauté.


Je veux qu’on trippe. Je veux qu’on rit, je veux qu’on rage, je veux qu’on choque, je veux qu’on vive. Je veux qu’on fasse de la politique sans calcul. Je veux que nos adversaires nous détestent. Quand tu perds 48 comtés en sept ans, faut que tu en conclues qu’en terme d’attachement, il y avait peut-être là un léger problème.

Je veux des convictions.

Ceci dit, j’ai des amis dans tous les camps. Je vais bien voir ce qu’ils ont à offrir. Si ça fitte avec mes exigences. Mais je suis Québécois, vous savez, si ça fitte pas, je me trouverai bien des excuses pour pas perdre la face.

Ça ou je reste à la maison.

Pfff… je resterai même pas à la maison. J’aime trop ça. Regardez moi bien aller, le mec de principes, regardez moi bien patiner tantôt.