jeudi 29 septembre 2011

Sois belle et tais-toi.




Nanos Research menait un sondage pancanadien entre le 29 août et le 1er septembre sur la perception de l’état des relations Canada-Québec. La question posée était : Quand vous pensez aux relations générales entre le Canada et le Québec, diriez-vous qu’elles vont dans la bonne ou la mauvaise direction ? 49, 3% des répondants ont répondu (Ils ont répondu, les répondants ? Tu m’en apprends toute une…) qu’elles allaient dans la bonne direction alors que 28, 8% ont affirmé le contraire.

Vous dire que le sondage détaillé montre que c’est justement au Québec (42,7% bonne et 39, 8% mauvaise) qu’on en est le moins sûr ne surprendra pas grand monde. Mais il faut admettre que la débâcle du Bloc Québécois fait plaisir au Canada-Anglais. La deuxième question du sondage, la plus intéressante et, évidemment, la moins rapportée, est la suivante : Pourquoi avez-vous cette opinion ?

Selon 20, 6%, les relations canado-québécoises s’améliorent parce que le séparatisme s’affaiblit. Selon 19, 3%, c’est parce que l’écart se referme et selon 16, 4% des répondants, c’est le virage lors de la dernière élection fédérale qui en est la cause.

Tout ça, pour dire à peu près la même chose : les Québécois ont voté NPD, un parti fédéraliste, plutôt que Bloc, un parti séparatiste. On se rapproche donc et le séparatisme s’écroule. La disparition du Bloc Québécois est une bonne nouvelle.

Je déteste les sondages. Je me suis fait appeler par Léger Marketing pour un sondage sur les télécommunications. Le type me pose des questions sur la FIBE de Bell et le TGV de Vidéotron. Dans les deux cas, ce sont de nouveaux câbles à base de fibre optique qui accélère considérablement Internet. Je demande au sondeur : Peux-tu m’expliquer c’est quoi la différence entre les deux ? Non, qu’il dit. Tu connais TGV ?, que je demande. Pas vraiment. Alors vous sondez sur des affaires que vous ne connaissez pas auprès de consommateurs qui ne savent pas non plus de quoi ils parlent ? Ben, c’est nouveau, qu’il s’excuse.

J’aurais pu écrire que les Anglais sont ben contents que le Bloc se soit écrasé, que le Québec soit rentré dans le rang et qu’on va arrêter de tout le temps parler des séparatistes. C’aurait été mon opinion, je vous fous un sondage en pleine face et ça devient un fait.

La vérité, c’est que le Québec ne fait plus partie des enjeux fédéraux et pas à cause des séparatistes mais grâce au NPD, un tiers-parti fleur bleue un peu nunuche qui n’a jamais représenté une menace pour le Canada. Le Canada est débarrassé de nous autres.

C’est bar open à Ottawa. Les Anglais sont désormais entre eux autres. Le caucus pro-vie conservateur-libéral va reprendre la parole plus fort que jamais, la monarchie, un vrai symbole d’unité, va retrouver sa place et Stephen qui doit être rêver de devenir Sir Stephen pourra faire avancer son agenda théo-conservateur sans encombre. Personne ne lui dira plus que c’est contraire aux valeurs du Québec. On lui dira que ce n'est pas ce que les Canadiens veulent, que ce n'est pas pour ça qu'ils l'ont élu. Mais les valeurs québécoises, la nation québécoise... Flushées le 2 mai.

Deux ans de prison pour empêcher un drapeau canadien de flotter ? Ca donne envie d’aller en prison, non ?

Je lisais les périodes de question de lundi et mardi à la Chambre des communes. Par masochisme, faut croire. Absence totale des enjeux du Québec. On a le droit à quelques articles 31, c’est tout. Sinon, c’est le silence.

J’entends et je lis beaucoup de personnes affirmer que le Bloc devrait se saborder. Moi, qu’on me fasse la démonstration qu’on va tout faire pour avoir un référendum d’ici quatre ans et je suis d’accord. Mais j’y crois pas.

Ce que je crois, c’est qu’on est en train de se faire avoir pas à peu près et que la Belle Province se tait.

Ce que je crois, c'est que là, tout de suite, il nous faudrait le Bloc.






mardi 27 septembre 2011

Toutes des crisse de folles! (une déclaration d’amour)


-Caporal Couture au rapport!, dis-je en entrant dans la tente du lieutenant.


-Couture, la situation est grave. Les Viets vont nous tomber dessus d’ici deux jours. On est cent, ils sont trois mille. J’ai besoin de vous pour une mission délicate.


-Oui lieutenant.


-Vous devez infiltrer leur base imprenable suréquipée et les tuer tous tout seul.


-Mais, lieutenant, c’est du suicide!


-Je sais…


Je saluai le lieutenant Thompson, quittai sa tente et allai chercher ce qu’il me restait d’armes dans la mienne, soit une cuillère de bois et une photo de Marilyn Monroe. J’étais dans le trouble.  


Mais pas autant que si j’écrivais un texte sur les femmes de ma vie intitulé Toutes des crisse de folles!


Je suis suicidaire, faut croire. Adieu donc.


***

L’avion quitta Toronto à 14h30 en direction d’Oslo. A 15h20, un vol de bernaches se dirigeant vers le sud croisa sa route et l’une d’elles jeune et inexpérimentée, c’était sa première migration, la pauvre!, fut happée par le réacteur gauche de l’appareil qui s’enflamma aussitôt.


Le pilote, sentant la panique à bord, annonça qu’il y avait une légère avarie et qu’il pourrait y avoir une période de turbulences. A bord, la passagère Claire Daly blâma son conjoint d’avoir choisi Oslo comme destination, celui-ci lui répondit qu’il était Norvégien mais Claire n’en avait rien à foutre de ses excuses de merde. C’était toujours comme ça avec ce crétin.


Au sol, une femme regardait le ciel ensoleillé et vit passer l’avion, elle vit comme une lueur et se dit que l’avion allait sans doute s’écraser. Elle regarda l’heure, son plus vieux devait revenir de l’école d’une minute à l’autre. Son plus jeune jouait au parc et allait bientôt rentrer par le même chemin. Puis elle regarda à nouveau vers l’avion. Oh mon dieu! Mes enfants!, se dit-elle. Elle se leva et commença à courir paniquée vers la rue où l’avion irait sans doute s’écraser en plein sur la tronche de ses précieux enfants.


Crisse de folle!


***    


Debout nue devant le miroir, elle levait puis descendait son menton en observant avec attention les plis de sa peau. Elle jeta un œil à ses seins, toucha ses hanches, pétrit ses hanches, refit l’opération avec ses fesses. Toucher-pétrissage. Puis avec ses cuisses.


Je passai par là et ouvris la porte déverrouillée de la salle de bain.


-Salut Sexy!, que je dis, enjoué et racoleur.


-Va donc chier!, qu’elle me répondit.


Crisse de folle!


***


Installée sur le divan tranquille, elle sirotait son café en regardant la fleur d’hibiscus apparue le matin et qui fanerait le soir venu. « Qui m’aime ? Qui a besoin de moi ? » Le téléphone sonna et elle répondit. « Bien sûr que je peux venir. Non, il n’y a pas de problème. J’ai mon hibiscus qui a fleuri. Vers trois heures? Ok, à tantôt. » Elle raccrocha. « Pour demander des affaires, ils sont là », qu’elle se dit.


Elle se leva pour se faire un autre café et retourna s’asseoir au salon. Elle regardait sa plante, de si grandes fleurs… Tellement belles. « Qui m’aime ? Qui a besoin de moi ? », reprit-elle.


« Je n’ai besoin de personne non plus, qu’elle se répondit. Qu’ils aillent tous au diable! Quelle heure est-il donc? Deux heures et demie ? Déjà. Je ferais mieux de me préparer. »


Crisse de folle!


***


-Mon fils de dix ans est allé acheter un deux litres de lait au dépanneur et m’a rapporté tout l’argent.


-Wow!, que je réponds, moqueur. C’est de l’anecdote, ça.


Un froid glacial s’installe dans le véhicule. La phrase jetée à la légère ne passe pas.


-C’est peut-être pas important pour toi mais pour lui, si. Et je n’accepterai pas que tu te moques de mon garçon.


-Mais… Je ne me moque pas de ton garçon.


Et je sais que je suis cuit, qu’il est trop tard. Répondre que je me moque d’elle n’envenimerait que les choses. Mauvais call, mauvais call.


-Je voulais pas me moquer de ton fils…


-Ta gueule, Couture, que je me fais répondre par ma blonde qui prend parti contre moi. Naturellement.


Merde. J’ai pas voulu. Désolé. Mais le froid me glace le sang. Le silence est lourd comme une fille nue devant son miroir. Je…


Ah pis! Crisse de folle!


***

En boucle sur son Ipod, elle écoute et réécoute et réécoute encore le même disque, la même chanson. Il est si mignon, le batteur. Elle le rencontre, trop mignon. Un petit groupe qui commence. C’est son idole, il est commis au IGA en attendant que ça démarre. Comme Simple Plan. Elle ne parle que de lui, le dessine sur ses cartables.


Je ne suis plus capable. Elle apprend attristée qu’il s’est fait une blonde. Elle la déteste et se dit que ce n’est pas sérieux. Elle est même pas belle, cette conne.


Une groupie. Voilà ce qu’elle est, une groupie…


Et une petite crisse de folle!


***


Elle ne dit rien.  Elle n’est pas contente du tout mais ne dit rien. Elle lave la vaisselle et se tait. Elle ne dira rien non plus, ne comptez pas là-dessus. Elle n’a pas aimé du tout ce qu’elle vient d’entendre. Elle le sait. Elle va s’asseoir dehors et s’allume une cigarette. En silence. Elle s’en rappellera mais elle n’en dira rien.


Il fait beau cet été. Ca vaut pas la peine. Elle garde tout.


Crisse de folle!


***


Sans la folie, je deviendrais fou. Toutes ces femmes, Dieu que je les aime. Elles me rappellent comme je suis équilibré et sain d’esprit!


Alors mesdames, sachez que si je vous aime, que je vous souris, que j’aime vous parler, vous écouter, être avec vous, c’est que vous êtes toutes des crisse de folles!


Et toi, mon amour, mon trésor, mon bébé, mon soleil, ben, t’es la plus crisse de folle que j’ai jamais rencontré. Béni sois-je que tu sois passée sur ma route.

dimanche 25 septembre 2011

Annonce cruelle en ce dimanche matin

Le coeur sur l’enclume, l’oeil fixant un point sans intérêt que mon cerveau n’enregistre pas, dépité, je touche mes touches de clavier avec délicatesse. Il faut bien que je me lance.

Je ne briguerai pas la chefferie du Bloc Québécois.

Un silence estomaqué : le lecteur trahi relit ma phrase précédente, La phrase, amer.

Comme l’amoureux éconduit qui se fait dire par la belle : « soyons amis, veux-tu? », je devine que tu ne me liras plus qu’à demi, inattentif, attendant que la corvée de lire ces mots s’achève au plus vite pour foutre le camp dans tes terres, panser tes plaies, seul.

De mon côté, j’aurai beau dire n’importe quoi, justifier intelligemment ma décision, rien n’y fera. Blessé, on perd de sa rationalité. Je sais, j’y suis passé.

Mais qu’importe que tu ne m’écoutes pas! Je dois te le dire. Je ne suis pas le Messie du mouvement indépendantiste et je peux comprendre que tu as pu y croire… moi-même, quelques fois, je me suis pris à penser que peut-être, en effet…

Charismatique, spirituel, idéaliste, convaincu… Un gars d’équipe.

Mais soyons pragmatiques. Ce qu’il faut au Bloc, c’est un médecin. Nous avons besoin de quelqu’un qui saura diagnostiquer les bobos, guérir le moribond, prescrire les bons médicaments, entreprendre la physio. C’est pas moi, ça.

Alors voilà. Je te fais l’honneur, triste lecteur, de te présenter en exclusivité mon discours de non-candidature.



SEUL LE TEXTE LU FAIT FOI

Mes très chers amis,

Éric! Éric! Éric!

S’il-vous-plaît…

Éric, Éric, Éric!

Non vraiment, c’est pas nécessaire.

On veut Éric! On veut Éric!

Mes amis, mes amis, s’il-vous-plaît, accordez-moi une minute d’attention. Les derniers mois ont été difficiles pour le mouvement souverainiste québécois. A l’échelle planétaire, il y a peut-être Kadhafi et sa famille qui en ont arraché plus que vous et je ne vois pas qui d’autres…

(Une voix dans la salle : Les petits Africains qui crèvent de faim?)

D’accord, la famine en Afrique n’est pas facile non plus mais au moins, eux, ils ne font pas parler d’eux à tous les jours dans les médias. Bref, et je vous demanderai de limiter vos interventions, pour nous, franchement, les derniers mois relèvent du cauchemar.

Déchirés sur la place publique, ridiculisés, salis, discrédités, honnis, nous avons été à la fois victimes du cynisme ambiant et porteurs de ce cynisme. Les indépendantistes ont vu leurs espoirs de former le prochain gouvernement du Québec fondre comme neige sur le soleil –je sais qu’on dit neige au soleil, mais sur le soleil, il fait plus chaud encore.

La défaite du Bloc Québécois a été le catalyseur du désintérêt pour notre cause. Elle en a été l’affirmation nationale. Paniqués, nous avons vu partir des figures emblématiques du Parti Québécois, nous avons entendu des propositions saugrenues telles que nommer des ministres issus de l’Opposition, par exemple. Nous avons eu droit à la naissance d’un Nouveau mouvement pour le Québec, de l’Option nationale, et combien encore de ces groupuscules apparaîtront-ils, j’en tremble déjà.

Consultations publiques à gogo, dénégations ridicules à la « jusqu’ici, tout va bien », on a passé un été de marde.

Au Bloc, les candidats les plus intéressants, hormis moi, ont tous annoncé qu’il ne briguerait pas la chefferie. C’est ce qu’à mon tour, je fais.

Non! Non! Non!

Je sais, mes amis, mais écoutez-moi! Mon heure n’est pas arrivé. Plus tard, je ne dis pas, mais maintenant, je ne peux pas.

Les mois et les années à venir ne seront pas rigolos. Nous aurons besoin, non pas de repenser le Bloc mais de reconstruire son organisation. J’entends des niaiseries comme « il faut s’éloigner du PQ » par une candidate dont je tairai le nom mais dont je dirai seulement qu’elle a toujours eu toutes les misères du monde à s’approcher du Bloc et dont un ami me disait ce bon mot : « Elle, si elle n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer. » J’entends ça et je sais que je ne pourrai pas rivaliser de démagogie, d’obséquiosité, de ridicule. Me présenter serait stimuler l’image du déchirement parmi nos forces. Or, sans les idées dans les débats, il reste l’organisation. Il nous faut un chef qui remontera les associations de comté, remplira les coffres du parti et qui sera prêt à laisser sa place à un leader pour la prochaine bataille, un chef de transition.

Au cours des dernières années, j’ai consacré mon imagination, mes efforts, mon temps au Bloc Québécois, et j’ai lutté avec vous pour notre cause commune.

Dans cette ère de « nouveau », de « changement » où un slogan comme « Pour un nouveau changement citoyen avec le Bloc » pognerait à mort, je n’ai pas ma place.

Quand on voudra se lever debout, quand on voudra envoyer promener la connerie et le cynisme, quand on présentera des idées parce qu’elles sont bonnes plutôt que parce qu’elles plaisent et qu’elles paient, je serai là. Je reviendrai. D’ici là, mes amis, avec tout mon amour, je vous emmerde et je rentre dans ma maison!

vendredi 23 septembre 2011

Mots jetés à la face du public.

«Un pot de peinture jeté à la face du public »
Camille Mauclair

   « Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »
Charles Baudelaire





Je la réveillai au milieu de la nuit bien malgré moi. Ses pieds ne trouvant pas les miens, sa main ne touchant pas la mienne, mon absence trop bruyante troubla son sommeil et elle se leva.

-Qu’est-ce que tu fais là?, me demanda-t-elle en sortant de la chambre.

Répondre que je regardais une entrevue avec Michel Rivard sur ses habitudes de lecture à 2h15 le matin ne me parut pas approprié. J’éteignis la télévision, m’excusai et allai la rejoindre dans le lit. Chopin le chat obèse me sauta sur le ventre en ronronnant et la nuit reprit ses droits.


C’est comme le cri de Munsch.


***


J’ai écrit un paquet de phrases, des centaines, des milliers, que ma touche backspace a fait disparaître. Une fois, j’ai même écrit, je crois, les deux premiers actes d’une pièce sans sauvegarder. Mon beau-frère a coupé le courant et j’ai tout perdu. J’ai repris depuis le départ mais pas avec les mêmes mots, pas avec les mêmes pensées, pas avec la même spontanéité, j’ai repris, c’est tout.


Quelqu’un quelque part a peut-être réécrit mes mots disparus. Ou peut-être pas. Peut-être qu’ils attendent simplement de sortir des limbes des mots non-dits.


Être si près puis disparaître.


***


Il y avait ce jeu sur la console X-Box où il fallait conduire une voiture à grande vitesse. Je rigolais avec ma fille en écrasant des vaches pixellisées plutôt que de faire les missions du jeu. Mon fils vient s’asseoir et me regarde faire.


-Arrête d’écraser les vaches, qu’il me dit.


-Pourquoi?


-J’aime pas ça.


-C’est pas des vraies vaches.


-J’aime pas ça.


Ca me dit qu’il a un bon fond, ce garçon. J’ai fait attention aux vaches ensuite.


***
 

Les mots.
Et de toutes les langues.
Mais les mots.


Je connais beaucoup de mots et il en va de ceux-ci comme du goût et des couleurs qu’un abruti nous a dit de ne pas discuter. On présume que les mots ont la même signification pour tous comme on croit que le goût de la carotte est le même pour chacun, que le rouge apparaît de la même façon. Or, si je dis « arbre », notre cerveau se fera une image mentale d’un arbre. J’ajoute « mort » pour faire « arbre mort » et une nouvelle image se dessine. J’inscris cette expression dans une phrase : « Je devrais couper l’arbre mort devant la maison. » Je ne précise pas de forme à la maison ni d’espèce particulière pour l’arbre, je ne parle ni de ciel nuageux, ni de saison, ni de l’heure ou du jour, ni de l’endroit où je suis, ni si l’herbe est verte. Le lecteur comblera le vide et donnera un sens, une vie, à cette phrase autre peut-être que ce que je voulais moi-même lui donner.


On lit un roman et on crée nos personnages, leurs visages avec -ou malgré-  les indications de l’auteur et notre imaginaire.


Il en va de même pour celui qui écrit. Si vous écrivez « ma rue est tranquille ce soir », vous avez une image impliquant votre rue et votre définition de la tranquillité.


On peut dire, à cet égard, que les mots limitent la communication et multiplient les concepts.


Intéressant, non ?[1]


***


L’art éphémère. Des dessins à la craie faits avant l’orage. Une phrase jetée après l’amour. Une sculpture de glace sur une plage en été.


Vente de fermeture. Tout doit disparaître.


T’inquiète pas. Tout disparaîtra de toute façon.


***

Si la majorité silencieuse se mettait à parler, on lui dirait : « Fermez vos gueules, pauvres cons ! » Moi, le premier.
 

***
 

L’écriture, c’est la consignation. Je regarde par la fenêtre, je vois un escalier en colimaçon. Cette image ne résistera pas au temps, je l’écris et je la conserve.


J’ai lu L’Idiot de Dostoïevski en 1986. Le Parc Crémazie à Québec, il faisait beau, un banc public. J’ai lu Docteur Faustus de Thomas Mann sur l’Ile d’Orléans en 1989. En 1990, pendant le trajet entre Cabourg et Caen, j’ai lu Napoléon Bonaparte d’Alexandre Dumas. 2001, Pilgrim de Timothy Findley à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. En 1983, dans la cour de Pascale Boutin, j’ai lu Illusions ou le Messie récalcitrant de Richard Bach. Et je peux jouer à ce jeu pendant des pages et des pages. (Pendant plutôt    que sur, faire des pages une mesure temporelle plutôt que spatiale…).


Mes lectures, les belles, du moins, sont des balises qui m’ont permis de conserver des images autrement disparues. La lecture, c’est la consignation.


***
 

Le principal avantage pour le Québec à être un pays, c’est être. C’est sans doute le principal obstacle. C’est épeurant tout de même.
 

***







[1] C’est la première partie d’un texte que j’avais déjà écrit. La seule, à mon sens, digne d’intérêt.

jeudi 22 septembre 2011

Sacré septembre!

Il me reste combien de matins à pouvoir m’asseoir dehors pour écrire, clopes et cafés, les chats avachis à côté ? L’automne s’avance vers nous, déjà les lierres sont fanés chez le voisin de derrière. Il y a un mois encore, ils étaient beaux, étendus sur les fils électriques comme des vêtements sur une corde à linge.

L’automne. Cette saison mélancolique quand la nature se fait belle pour mourir quelques mois. Avant l’hiver.

Je m’ennuie. Pas que la solitude me pèse, non. J’aime bien la solitude. Et puis avec ma blonde et mes enfants, la solitude est rare. Je m’ennuie d’appartenir à une équipe, de partager un but commun, de me battre.

Je m’ennuie des dizaines de personnages qui remplissaient mes jours et mes soirs. Oh! Vous auriez du les voir! Les esclandres, les rires, les indignations, les espoirs! Comme je les ai aimés.

Jamais un jour, je ne suis parti travailler à reculons. Évidemment, il m’arrivait d’aller à telle ou telle réunion en bougonnant, évidemment, il m’est arrivé d’écrire et de défendre des trucs que je trouvais poches. Mais j’ai tellement aimé ce boulot. Et il me l’a bien rendu.

Le ciel est gris, il va pleuvoir tantôt.

Dans le bureau d’un député qui me disait vous un jour et tu un autre, on était assis à une table de travail à parler d’assurance-emploi. Quelques fois, il se mettait à monologuer, plus arrêtable, alors qu’il fallait faire vite. J’étais pressé, moi. Un homme occupé, moi. Un bon monsieur à la barbe blanche. Je l’interrompais d’une blague ou d’une réflexion profonde et intelligente, pour couper court, et sortais en vitesse. Je ne me rappelle plus très bien pourquoi je devais partir, un comité peut-être, une note à produire ? On s’en fout. Un bon monsieur. Il me manque.

Un téléphone. Encore un téléphone. Ce putain de téléphone qui sonne tout le temps. Au bout du fil, une dame merveilleuse qui n’appelait que pour me remercier, me dire une fois de plus sa gratitude. « Ben voyons donc, c’est pas nécessaire. C’est vous qui faites le plus gros du travail. » Elle me manque.

On est douze à la table. On parle de tournées, d’enjeux de la rentrée, de plate-forme, de fiches à produire. Toutes des affaires plates. On se moque de l’un, on s’obstine, on propose quelque chose qu’un autre tout de suite rejette sans la moindre délicatesse. C’était mon équipe.

La loyauté est un sentiment agréable à éprouver.

On est tous partis en même temps. On n’a pas eu de party de départ. Des adieux autour de la machine à déchiqueter, près des bacs à récupération. Quand quelqu’un, un adjoint de député ou un membre du cabinet, quittait, on avait droit à un joli mot de départ.

« Je quitte pour relever de nouveaux défis et j’ai passé du bon temps parmi vous… »

Je n’ai pas écrit de mot de départ. Tous ceux qui sont partis le 2 mai, bref, tout le monde ou presque, n’ont pas écrit de mot de départ.

L’automne arrive. C’est la rentrée parlementaire. Déjà Harper a déposé son bill omnibus sur la loi et l’ordre. Non mais quel freak, celui-là. Pour la première fois depuis 2004, je ne suis pas la politique fédérale, ou si peu et de loin. Je ne suis plus un acteur.

Il y a des scènes dans Othello de Shakespeare où on rigole comme des fous. J’ai toujours pensé qu’elles étaient écrites pour permettre aux spectateurs de supporter le tragique. Comme du lest.

Le plus gros défi que j’ai eu à relever aura été d’accepter que c’était fini. Je n’ai pas dit au revoir à m’sieu Beaulieu, notre garde de sécurité septuagénaire, qui s’endormait à son poste et ça nous foutait la trouille qu’il soit mort. Presque sept ans à dire à tous les matins « Eh m’sieu Beaulieu! » mais je ne l’ai pas vu la dernière journée.

Tout ça donc pour dire à toutes ces personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler : J’ai été honoré.

Le vent se lève tranquillement, il ne pleuvra pas tout de suite finalement.

Bon, allez, il faut que je travaille. J’ai un synopsis à écrire, moi. Synopsis, quel mot plate!

mercredi 21 septembre 2011

Rêveries d’un promeneur solitaire

Je crois que je vais entrer l’hibiscus. Depuis qu’on a entré l’autre, il a recommencé à fleurir. J’adore les hibiscus, c’est une plante généreuse. De l’art éphémère, on dirait. Faut que j’aille au vidéo reporter Mon nom est personne. Je voulais le regarder avec mon fils. Mais il n’était qu’en anglais. Je l’ai regardé seul pendant qu’Étienne taponnait sur facebook, ils peuvent passer des heures sur facebook, ils commentent les pics des autres à coup de XD, de lol et de : ), ça fait des bonhommes sourires, des cœurs et des clins d’œil. J’aime pas ces trucs, je leur dis à mes enfants qu’il faut sentir dans les mots l’expression recherchée. « Je me suis rentré au balai dans le cul joke. » Ca passe mal.

Ma ruelle est belle, en fait, c’est une ruelle ben ordinaire, mais je trouve ça beau. L’an dernier, je fumais une clope dehors tranquille quand un groupe s’est arrêté juste à côté de chez moi, un cours d’introduction à la flore urbaine ou je ne sais quoi. Il y a plein de chats qui traînent, pas beaucoup d’enfants mais beaucoup de chats. Dont les deux miens. Chopin ne va jamais loin, pas sûr qu’il l’aime, la ruelle. Schubert est toujours parti, c’est embêtant quand on passe par la ruelle parce que s’il nous voit, il se met à nous suivre, ce crétin. Et je veux pas qu’il s’éloigne trop.

Quand on arrive au bout de notre ruelle, il y en a une deuxième, un raccourci entre la rue Bourbonnière et la rue D’Orléans. C’est l’arrière-cour de petits commerces du quartier. Quelques fois, pas souvent, mais quelques fois, on tombe sur un mec qui se prépare un fixe, adossé contre la porte d’un garage que je n’ai jamais vu ouverte. Les fois où je l’ai croisé, ma présence n’a pas semblé le déranger. J’ai jamais vu d’aiguilles ou de cochonneries trainées dans ce coin-là, de toute façon. Une fois, j’ai vu un condom par terre dans ma ruelle. C’est à peu près ça.

Je me retourne pour m’assurer que Schubert ne m’a pas vu, je tourne à gauche. Il y a un graffiti sur le mur FLICS PORCS ASSASSINS. Je déteste les tags mais j’ai toujours aimé les graffitis. Je me demande bien qui a pu écrire ça. C’est un message ou une petite provocation d’ado rebelle? Quand j’étais ado, on a eu un berger allemand qui s’appelait Flic, un beau chien. Les Américains ont fait du grabuge avec Rodney King, les Anglais détruisent tout suite à l’affaire Mark Duggan. Nous, on est pas comme ça. Il y a bien eu des manifestations suite à la mort de Freddy Villanueva mais pas l’ampleur de Los Angeles ou de Londres. FLICS PORCS ASSASSINS, je cherche le contexte. C’était peut-être suite à la mort de l’itinérant et du cycliste ? Je ne me rappelle même pas de leur nom et Dieu sait que ça m’avait indigné. J’ai l’indignation brève.


Il y a cette maison, presqu’au coin Bourbonnière-Ontario avec de la terre en avant, pas de gazon. Il y a un bébé dans une chaise berçante et sa mère qui le regarde. Ca coûte combien de la tourbe ? Ou des semences de pelouse? Bah! Le bébé a l’air bien. Mes enfants ont tellement grandi : quand je regarde les photos, j’éprouve toujours le même deuil de l’enfance de mes enfants. Le petit Étienne de quatre ans me manque, Émilie à cinq ans, quand elle s’est mise à parler, elle jacassait non non tout le temps, tout le temps. Faites la taire. Ca me manque. Dans mon salon, il y a la main d’Émilie de trois ans dans le plâtre, ils avaient fait ça à la garderie, c’est mon objet le plus précieux. Ca, ma chaîne et ma roche.

Je traverse Ontario. Devant le Pharmaprix, il y a un jeune itinérant. Je l’aime bien, ce jeune. Je lui refile une clope ou de la monnaie. Il y a  les yeux tendres et il dit merci. Il est là avec son chien, au moins la moitié d’entre eux ont des chiens. Mais comment ils les nourrissent, ils quêtent pour du Docteur Ballard?

La Place Valois. Un bon resto français, une boulangerie extraordinaire, un saucissier, on n’est plus dans Hochelaga, on est dans Homa. Un snack bar ferme, on ouvre un resto de cuisine française avec moelle et foie gras, truffe et pignon. C’est pas pensé pour les pauvres du coin. A terme, ils vont nous débarrasser des pauvres et Hochelaga deviendra le nouveau Plateau. Je me prends un double espresso court, ma machine est brisée, c’est le petit joint en caoutchouc, faut faire réparer ça. A la table d’à côté, il y a deux mecs qui se parlent en anglais. Qu’est-ce qu’ils viennent faire ici? C’est quoi là. Le West Island, Outremont, Westmount, Ville-Mont-Royal, Saint-Léonard. Mais foutez le camp d’Hochelaga. Ici, c’est en français. Les enfants de la loi 101, mon cul. Montréal s’anglicise. Tout le monde s’en fout, à part Mario Beaulieu et Patrick Bourgeois. J’aime pas ces gens-là. Ils me mettent mal à l’aise. Sans doute parce qu’officiellement, ils sont de mon bord. J’aime quand les gens obtus, les xénophobes sont mes adversaires, pas mes partenaires. 

Il y a cet itinérant, un violoniste, c’est un Anglais mais il parle toujours français avec un accent. T’es là, tu marches et puis t’entends le huitième caprice de Paganini ou le deuxième mouvement de l’Été de Vivaldi, l’Orage. C’est beau, tellement beau. Tu le regardes, le visage couvert d’éraflures ou d’ecchymoses, comme s’il s’était fait tabasser, les bras marqués. Il joue pour sa coke. Tu lui as demandé, il t’a répondu. Il joue bien, tu déposes deux dollars, ça les vaut. Bon trip. Une fois, je donnais de la monnaie à un itinérant pis il y a un couple dans la cinquantaine qui commence à insulter le type parce qu’il quêtait. On le défend, quand même et ils se mettent à nous donner de la marde. Je veux bien qu’on soit en crisse contre la misère mais contre les miséreux ? Il y a toujours des limites.

Patates et Ciboulettes, c’est un petit restaurant qui fait des pommes de terre au four garnies. J’y suis arrêté quelques fois pour les macarons… miam… mais des patates au four, je peux m’en faire. Je voudrais juste pas qu’ils ferment. Je ne suis pas un client, alors, quand ils fermeront, s’ils ferment, ce sera aussi de ma faute. Tu peux pas souhaiter quelque chose et ne rien faire pour que ça se réalise pour te plaindre ensuite que ça ne s’est pas fait. 

J’’arrive au Vidéotron, je dépose mon film dans la boîte. « Bon film » que je dis au commis. Je sais qu’il s’en fout, il me sourit et dit merci. Je fais le tour du comptoir et ressors.

« Il n’y a plus personne qui nous fait frissonner », m’a dit ma blonde. Marois, Legault, Amir… Je me suis promis de la faire frissonner, j’ai déjà le titre : Discours à frissons. J’ai juste pas l’idée. Ca va me venir, ça finit toujours par venir. J’ai repris ma route. J’ai continué sur la ruelle pour aller m’acheter des clopes chez Diane. C’est le dépanneur près de chez moi. Quand j’entre, elle dit Bonjour Eric et me demande si je prends le Devoir. Quand il y d’autres clients, qu’elle dise mon nom me rend fier. Je suis un habitué, moi. On me connait ici. C’est chez moi.

Il y a cet autre graffiti qui dit JE M’EMMERDE, je l’aime bien, j’ai toujours envie d’écrire en dessous : TU NOUS EMMERDES AUSSI. Ce serait rigolo. Ca ferait bien sourire quelqu’un qui le verrait.


Dans ma poche, j’ai ma roche. Je l’ai ramassé il y a plus d’un an dans la ruelle, je la garde toujours sur moi. Un bout d’Hochelaga. Hochelaga avec des voisins qui mettent « J’ai un amour qui ne veut pas mourir » dans le fond en plein cœur de l’après-midi, avec des chats dans les ruelles, des cafés tendances, des petits bums, des quêteux. Hochelaga, Montréal, Québec. Chez nous. Plus haut, les condos, plus bas, les putes. Dans le milieu, ma blonde, mes enfants et moi.

Quand on fera l’indépendance, j’ai bien hâte de voir le party qu’il va y avoir ici. C’est là que je veux être.

Ave Quebec.

Province.
Le Québec reprend son titre.
La Province de Québec.

Le terme redevient populaire dans la bouche des personnalités publiques, des reporters aux bulletins de nouvelles. « La Province de Québec connaît une croissance de ci ou de ça », « Un été meurtrier pour les automobilistes de la province. », etc.

Province.
Le mot viendrait du latin Provincia : pays vaincu ou de Pro Victis : Pour les vaincus. Dans un cas comme dans l’autre, c’est un mot de conquérant. Un mot de Romains, un mot d’Anglais.

A cet égard, c’est le Québec qui est la plus Province de toutes les provinces. La Nouvelle-France, ça, c’était un nom de découvreur. Je plante mon drapeau sur le sol de la Nouvelle-France. La vache! Mais après 1760, fini tout ça. Nous sommes conquis, vaincus et nous devenons province.

Province.
Anglais, je dirais province. Je regarderais les dix provinces comme autant de médailles que le conquérant arbore fièrement. Et j’entendrais « province » de la bouche des Québécois avec le même plaisir qu’on entend « pardon, mon oncle » quand on tord le bras d’un adversaire qui se rend.

Pour les vaincus.
Pro victis.
C’est nous, ça.

« Quoi?, répondons-nous en bombant le torse, vaincus? C’est du passé, ça. Ça ne veut plus dire ça.»

L’Office de la langue française prévoit, voire prévient, que d’ici vingt ans, Montréal sera majoritairement anglophone. The Metropolis of the Province of Quebec. Charest répond : « Ne nous emballons pas. Le français va bien. Allons donc.»

Le Parti Québécois- mon cher PQ- s’alarme et demande un moratoire sur l’immigration.

La faute aux ethniques, encore ?

Je n’ai jamais été très Impératif Français ou Montréal Français. Ces groupes dégagent une odeur d’intolérance plutôt qu’un amour de la langue. Mes combats n’ont jamais été Second Cup ou Home Depot. Mais…

Sed… Cogito ergo sum.  Alors pendant que je suis, je pense. Je note. Je constate.

Plateau-Mont-Royal, début septembre, Vente trottoir sur la rue Mont-Royal. Cool, la Boite Noire, l’Échange, je vais aller bouquiner. Ben, vous me croirez pt-ête pas, ça parlait anglais comme dans le West Island. Ca chialait parce qu’il y avait trop de livres en français et ça s’excusait en anglais de ce que leur librairie était française. « We have a few books in this shelf that may interest you.”

Hochelaga, mon quartier, à tous les jours, au Métro, sur la rue Ontario, l’anglais se fait entendre. Près de chez moi, sur Lafontaine des pedestrians chat.

Dans Mercier, une clinique. Ne pas y parler anglais nuit, des customers se plaignent.    

J’avais concédé le West Island, NDG, VMR, DDO, Saint-Léonard, Greenfield Park, Aylmer, Wakefield, Glen Sutton, Morin Heights. Mais y a toujours ben des osties de limites. Le Plateau, Hochelaga… C’est le village d’Astérix. On résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ben non, Alea jacta est.

Le problème, c’est pas les immigrants. Le problème, c’est les vaincus. C’est Deltell qui chiale parce qu’il n’y a pas assez d’anglais à l’école, c’est Charest qui dit que tout va bien. Nil novo sub sole, vous me direz. Je sais, je sais.

On confond être tolérant et être bonasse. Quand tu te fais marcher sur la tête, tu n’as pas à t’excuser pour la petite bosse sur ton crâne. Il faut en finir avec la compromission. En finir avec l’attitude de vaincu. En Ontario, aux États, soit. Regarder un film en anglais, lire un livre en anglais, écouter de la musique en anglais, d’accord. Mais il faut imposer le français dans l’espace public. Et pas les institutions, nous. C’est à nous à faire ça.

Sinon, comme le latin, le français à terme est appelé à devenir une langue morte.

Allez, Morituri te salutant.